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La venue de l’héritier du trône wahhabite tombe donc à point nommé pour mettre la question des prix du baril au coeur des entretiens que doivent tenir les responsables des deux pays.
La visite du prince saoudien intervient au moment où les prix du pétrole ont significativement dégringolé…
Le prix du baril de Brent a chuté de plus de 20% en novembre.
Le pire de ses plongeons, en l’espace, d’un mois depuis plus de 10 ans équivaut à un recul de plus de 25 dollars depuis le début du mois d’octobre.
Le baril qui se situe actuellement sous les 60 dollars indique que les économies des pays producteurs qui dépendent essentiellement de leurs exportations d’or noir risquent d’être à nouveau dans le rouge. L’Arabie saoudite et l’Algérie sont concernées au plus haut point.
La venue de l’héritier du trône wahhabite tombe donc à point nommé pour mettre cette question au coeur des entretiens que doivent tenir les responsables des deux pays. Pour faire face d’une part à la crise financière l’Algérie a dû prendre une série de mesures. Parmi elles figure le recours au financement conventionnel pour équilibrer son budget et surtout éviter d’une part à ce que la trésorerie du pays ne soit érodée et d’autre part de puiser dans des réserves de changes qui sont tombées de quelque 193 milliards de dollars en 2013 à 88,61 dollars fin juin 2018. Une option à laquelle elle compte moins recourir dés l’année prochaine. Un nouveau plongeon des prix du pétrole pourrait la contrarier et remettre en cause le nouveau modèle de croissance économique qui a pour objectif d’affranchir l’économie nationale de ses exportations d’hydrocarbures.
L’Arabie saoudite qui partage les mêmes préoccupations, a de son côté accusé un déficit commercial record de près de 100 milliards de dollars en 2015 et a dû mettre en oeuvre toute une batterie de réformes pour que pareil cauchemar ne puisse se reproduire. L’Algérie a pu réduire de façon significative le sien grâce au rebond des prix du pétrole.
Leur baisse signifierait le retour à la case départ. Ce que veulent éviter à tout prix les pays producteurs de pétrole.
La crise financière provoquée par la dégringolade des prix du pétrole qui avait débuté vers la mi-juin 2014 n’a pu être surmontée qu’après le sommet de l’Opep qui s’est tenu dans la capitale algérienne le 28 décembre 2016. Cela a débouché sur un accord scellé à Alger qualifié d’ «historique» par les spécialistes et la presse internationale. Fruit d’une offensive d’envergure initiée par le président Abdelaziz Bouteflika, il sera couronné par une baisse de 1,8 million de barils par jour le 10 décembre à Vienne par l’Opep et 11 de ses partenaires hors organisation, dont la Russie.
Les cours du Brent qui végètent actuellement sous la barre des 60 dollars incitent à sa reconduction au-delà de 2018. Riyadh et Moscou ont décidé d’actionner l’accord d’Alger. «Nous nous sommes mis d’accord pour prolonger cette entente» a déclaré samedi le président russe, lors de la clôture du sommet du G20, après s’être entretenu avec le prince héritier Mohamed Ben Selmane. «Nous allons surveiller ensemble la situation sur le marché» a ajouté Vladimir Poutine.
Les pays membres de l’Opep et leurs 11 alliés hors cartel ne se rendront donc pas à la réunion de Vienne pieds et poings liés.
Les récentes déclarations des ministres de l’Energie saoudien et russe démontrent incontestablement que la riposte s’organise. Tous les regards sont désormais tournés vers le prochain sommet de l’Opep qui se tiendra le 6 décembre dans la capitale autrichienne. L’Arabie saoudite qui y tient une place prépondérante s’est déjà prononcée pour une baisse de la production de l’alliance Opep-non Opep, dont fait partie la Russie, de l’ordre de un million de barils par jour.
Le chef de file de l’Opep avait aussi annoncé une réduction de son offre de 500 000 barils/jour en décembre. Des décisions qui seront probablement confirmées à Alger qui aura aussi son mot à dire.