Ce vendredi 6 septembre, le mouvement populaire devrait encore une fois battre le pavé pour exiger le changement et réagir, comme c’est devenu de coutume, aux nouveaux développements de la scène politique au travers des slogans et banderoles. Ce 29e vendredi, le Hirak s’annonce particulièrement chaud.
La suggestion du chef d’état-major Gaïd Salah d’une date, celle du 15 septembre, pour la convocation du corps électoral, en a surpris plus d’un. Tandis que la crise politique fait du surplace, l’annonce d’une possible date qui, de fait, « fixe » le jour des élections, alors même que des prémices d’un possible consensus ne sont pas encore réunies, ajoute à la complexité de la situation. La possibilité d’une très proche opération électorale présidentielle jette davantage de trouble. Les interrogations sur les questions d’ordre pratique d’un tel processus dans les conditions actuelles ne trouvent toujours pas de réponses. La manifestation de mardi dernier, considérée comme « le retour du Hirak étudiant » par son importance sur le plan du nombre, selon les observateurs, pourrait être annonciatrice d’un comeback du mouvement populaire. Ce qui ne pourrait alors avoir qu’une seule explication : la crise politique est toujours à son point mort. L’initiative du panel, née au cœur de l’été, pour tenter de susciter un dialogue semble arrivée à la limite de ses possibilités. L’affluence et la participation populaire pour ce vendredi, le premier de la rentrée, seront suivies au trébuchet par les observateurs. Une participation massive avec des slogans réfractaires à la feuille de route actuelle du pouvoir mettrait à mal une solution imposée. La crise politique qui dure depuis plus de six mois, aujourd’hui, ne semble nullement suivre un chemin qui mène à sa résolution. Il y a comme une situation de blocage qui semble se complaire dans une impasse sans fin. A l’occasion de cette rentrée sociale, il est attendu une réactivation de l’activité politique, notamment chez une partie de l’opposition qui semble avoir été frappée d’apathie durant la saison estivale. Ce vendredi pourrait bien constituer le début d’une phase nouvelle de la contestation et, probablement, faire bouger des lignes restées longtemps immobiles.
Le diagnostic inquiet de Mouloud Hamrouche
C’est dans cette situation complexe, où les solutions ne sont pas au rendez-vous, que l’ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche a dressé un diagnostic inquiet de l’impasse actuelle. Si l’appel pour l’organisation de l’élection présidentielle au plus vite paraît comme « une logique froide de raison », les conditions sont très loin d’être réunies pour qu’elle soit « exemplaire et originelle », note l’ex-Chef de gouvernement. Les réseaux de corruption sont encore là pour faire dévier la volonté du peuple. Un Président élu, même avec une Constitution qui lui donne tous les pouvoirs, va se retrouver otage des « réseaux » de corruption qui ont annihilé l’embryon d’Etat et entendent préserver leurs statuts. Mouloud Hamrouche considère que le Hirak constitue un événement considérable et salutaire, celui de l’intrusion pacifique du peuple pour stopper une terrible dérive. Pour l’ancien chef des réformateurs,« demander aujourd’hui l’organisation au plus vite d’élections apparaît comme une logique froide de raison ». Mais en même temps, la situation n’est pas aussi simple. Pour aller vers des élections sérieuses, il faut réunir les « conditions, les garanties, l’organisation des vérifications, des contrôles, des voies de recours pour une élection qu’on veut exemplaire». Hamrouche en appelle à l’établissement de « passerelles et des confiances entre ces deux corps vitaux de l’Algérie, le peuple et son Armée nationale populaire », la mise en place de « médiations, porteuses de capacités, de vertus et d’honnêteté, pour contribuer et aider à libérer le pays et l’Armée des pièges mortels ». Pour lui, la plupart de ces « tâches et de ces initiatives reviennent au commandement de l’ANP ». Le choix, estime-t-il, n’est pas et ne doit pas être entre le « système ou le chaos, mais entre le système et une Algérie meilleure ». Et sur cette question, le peuple semble montrer la voie, «il est en processus constituant tous les vendredis et sa jeunesse estudiantine tous les mardis depuis plus de six mois. Un mouvement uni et indivisible »