Devant l’incapacité de faire face à la forte demande des consommateurs et par voie de conséquence aux prix exorbitants pratiqués par les bouchers et autres acteurs de la filière, il a été décidé d’autoriser les opérateurs privés à faire des importations d’«appoint» en ce qui concerne la viande fraîche ovine et la viande bovine congelée.
Depuis son annonce en avril dernier par l’ex-ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, l’opération d’importation de quantités de viandes rouges afin de subvenir aux besoins de la population en ce produit largement prisé, notamment pendant le mois sacré du ramadhan, n’arrête pas de faire polémique, mais surtout d’attirer les convoitises des uns et des autres.
En effet, cette décision de levée d’interdiction d’importation de viande, jusque-là en vigueur, n’a pas tardé à susciter l’intérêt de certains opérateurs qui n’attendaient en fait que de telles occasions pour faire des affaires quitte à ce que le gain soit au détriment de la santé humaine.
Selon des sources du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, «avant même que l’annonce de l’importation de la viande n’a été faite, des négociants ont été dépêchés vers le Soudan pour marchander la possibilité de s’approvisionner en viande fraîche ovine», a expliqué notre interlocuteur qui requiert l’anonymat.
«En fait, c’est un groupe spécialisé dans l’agroalimentaire qui a entamé des procédures d’importation depuis le Soudan, et cela avec la bénédiction des membres de l’Union des paysans algériens (UNPA).
Comme notre rôle à nous en tant que pouvoirs publics est de nous rassurer de la qualité des produits d’origine animale ou végétale que consomment nos concitoyens qu’il soit importé ou localement produit, nous avons constaté que les moutons élevés au Soudan ne répondent pas aux normes internationales, car non soumis à des vaccins et des traitements nécessaires», a-t-il fait savoir pour expliquer le motif du refus d’importation.
Juste après ce niet du ministère, l’opinion publique a été informée de l’importation de la viande bovine congelée d’Inde. Malgré tout le tapage qui a entouré cette opération faisant état qu’il ne s’agissait pas de viande de bœuf mais de buffle et qu’elle contient des vers, les premières livraisons arriveront, contre vents et marées, d’ici une semaine. Selon les concernés par l’importation, cette viande a eu l’aval des services vétérinaires algériens pour être expédiée vers le pays.
Pour sa part, le ministère de tutelle ne fait que rassurer que l’importation de produits d’origines animales, y compris la viande rouge, est soumise à des dispositifs «universellement admis» en matière de protection de la santé humaine et animale et qui s’appliquent dans tous les pays, avait déclaré en fin de semaine passée à l’agence APS un responsable au ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
En matière d’importation de viande, le dispositif de prévention contre l’introduction des maladies et le contrôle des animaux et des produits animaux importés «s’applique à l’ensemble des pays et même à nous. (…)
Il s’agit de dispositifs universellement admis et qui favorisent, à tous les échelons, un travail professionnel», a rassuré le sous-directeur de la santé animale au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Karim Boughalem.
Une chose est sûre, c’est que toutes ces spéculations et rumeurs ne rassurent pas du tout les consommateurs, eux qui ont en tête le souvenir «frais» de la viande d’âne qui a été commercialisée pendant un mois de ramadhan.
Hafid Mesbah