Des vigiles protégeaient, samedi 19 octobre, deux des dernières réalisations de l’artiste de rue Bansky, à New York, pour éviter les dégradations qui ont accompagné ses créations ces derniers jours.
Le célèbre Britannique, dont l’identité véritable reste un mystère, est en « résidence » depuis le début du mois dans les rues de New York, faisant courir hipsters et amateurs en dévoilant chaque jour une nouvelle création, annoncée sur Internet. La plupart des œuvres sont rapidement taguées ou vandalisées.
Vendredi, Banksy a accroché deux toiles sous l’ancienne voie ferrée de la high line à Chelsea, à l’angle de la 24e rue de la 10e avenue. Le lendemain, un ruban jaune de police en limitait le périmètre, et deux vigiles ne laissaient s’approcher les nombreux curieux qu’au compte-goutte. « Vous avez cinq minutes. Il est interdit demanger, de boire ou de toucher les œuvres », répétait l’un d’eux.
Selon le vigile, des grilles doivent bientôt protéger l’espace à la demande du propriétaire de l’immeuble. A Williamsburg, à Brooklyn, la propriétaire d’un autre immeuble que Banksy a décoré d’un pochoir montrant deux geishas sur un pont a pris les mêmes mesures. L’œuvre, dévoilée jeudi, avait été rapidement taguée par un homme, attaqué par des fans qui ont ensuite essayé de réparer au mieux les dégâts.
« On m’a offert un million de dollars pour que je démonte mon mur de briques », a aussi affirmé Jose Garcia, qui gère un immeuble de Brooklyn peinturluré par Banksy. Un autre petit pochoir cette semaine à Tribeca a également créé beaucoup d’agitation. Il représentait en bas d’un mur les tours jumelles du World Trade Center, un chrysanthème orange accroché à l’une d’elle. Celui-là n’a pas été défiguré, un plexigas a été installé pour le protéger et des passants y ont même laissé des fleurs.
« DE L’ART SANS PRIX »
Le week-end dernier, l’artiste de rue a vendu à la sauvette des toiles « authentiques et signées » pouvant atteindre, aux enchères, des centaines de milliers de dollars. Mais il s’est bien gardé de prévenir les amateurs, et c’est un vieux monsieur assis sur une chaise pliante qui en a vendu une vingtaine pour 60 dollars, voire moitié prix. « C’était une vente unique. Le stand ne sera pas là aujourd’hui », a précisé le lendemain Banksy sur son site, en dévoilant l’événement.
Dans une interview par mail au journal de New York Village Voice, Banksy, dont les œuvres mêlent humour et politique, a récemment expliqué son état d’esprit :« Je sais que le street art peut de plus en plus sembler la partie marketing d’une carrière d’artiste, j’ai donc voulu faire de l’art, sans prix. Il n’y a pas de galerie, ou de film, ou de livre. C’est inutile. Et j’espère que cela veut dire quelque chose ».
Si ce show new-yorkais, intitulé « Better Out Than In » (mieux vaut dehors que dedans) ravit les amateurs, il n’est pas du goût de la police, ni du maire Michael Bloomberg. « Les graffitis dégradent les propriétés, c’est un signe de décadence et de perte de contrôle », a-t-il déclaré cette semaine. « Je pense qu’il y a des places pour l’art, et d’autres qui ne le sont pas », a-t-il ajouté, affirmant que ces pochoirs ne correspondaient pas à « sa définition de l’art ». La police de New York a dit avoir ouvert une enquête menée par la brigade antivandalisme à la suite des plaintes concernant des graffiti censés « défigurer » le paysage urbain.