Par Brahim TAKHEROUBT
L’objectif ultime de la position de l’état-major de l’armée vis-à-vis de la crise est la préservation de la souveraineté nationale et l’armée s’est appuyée sur la légitimité constitutionnelle en vue de trouver une issue.
Dans une tribune publiée dans le dernier numéro de la Revue El Djeich, intitulée «Lectures et connotations», l’armée a apporté des clarifications au sujet de la position qu’elle a adoptée face à la crise délicate que traverse le pays. «Cette position émane d’un profond sens, loin de tout calcul étroit et de toute motivation personnelle. En droite ligne de ses missions constitutionnelles», écrit Hamid Merah dans sa tribune expliquant que les observateurs qui suivent l’évolution de cette crise sont intimement conscients que la décision prise par le Haut Commandement de s’aligner aux côtés du peuple et de soutenir ses revendications légitimes ainsi que sa contribution à proposer des solutions à la crise, «présentées sous forme d’initiative stipulant l’application des articles 07, 08, et 102 de la Constitution, sont l’émanation d’objectifs précis et clairs ainsi que de priorités qui tiennent compte de la nature de la crise, de sa profondeur, des variables internes et externes, notamment dans son aspect sécuritaire». Il a également précisé que cette démarche «s’inscrit dans le cadre d’objectifs stratégiques et opérationnels ayant pour finalité d’assurer la continuité de l’Etat algérien et de réaffirmer par là même la profondeur des liens unissant le peuple à son armée».
L’objectif ultime de la position de l’état-major de l’armée vis-à-vis de la crise est la préservation de la souveraineté nationale et l’armée s’est appuyée sur la légitimité constitutionnelle en vue de trouver une issue. «Cela au moment où des voix retentissent de l’intérieur et de l’extérieur pour avancer des solutions douteuses», regrette l’auteur soulignant que ces «solutions proposées» ont toutes un point commun «celui d’engager le pays dans la voie du vide constitutionnel et de présenter ces propositions comme solution inévitables pour sortir de la crise». Le document de la revue El Djeich rappelle à ce propos la fâcheuse et dramatique expérience des années 90.
Le deuxième élément confortant la position de l’armée, explique la même réflexion, est l’institution militaire qui a inauguré une pratique inédite, la première du genre sur le continent africain.
En manifestant son attachement à la légitimité constitutionnelle, ainsi que par sa gestion de la crise, qui a pris la forme d’une proposition et d’une initiative en se gardant de s’ingérer dans le champ politique, en soutenant les revendications du peuple, «cela porte la marque des armées professionnelles, une armée qui se conforme aux exigences du professionnalisme dans le cadre d’un Etat national». L’ANP a affirmé, en de nombreuses occasions, son caractère d’armée républicaine au service du peuple et de l’Etat. Le troisième point qu’il convient de rajouter à l’actif de cette démarche est qu’en restant dans «les clous de la Constitution», l’armée s’est prémunie de toute critique, notamment vis-à-vis de la communauté internationale. Etant l’une des plus puissantes en Afrique, il est clair que l’ANP est placée sous les feux de la rampe, notamment depuis le début de cette crise. Au moindre dérapage, à la moindre sortie du cadre constitutionnel, des voix vont s’élever pour crier «à une armée putschiste».
Enfin, note la même tribune, l’armée s’est engagée à accompagner l’étape de transition de façon à garantir la concrétisation de toutes les revendications légitimes du peuple. «Face aux dimensions inattendues prises par cette crise, la vision de l’ANP pour lui trouver des solutions consiste en la nécessité d’avancer par étapes sûres et étudiées en associant tous les patriotes dévoués», note la même analyse estimant que la phase principale sur la voie de la résolution de cette crise a été concrétisée, il s’agit, en premier lieu, de veiller avec la même détermination à résoudre cette même crise. Aussi, «toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de trouver une solution adéquate à la crise, en tenant compte du facteur temps, puisque tout retard sera à l’encontre de l’intérêt national, d’autant que notre pays est confronté à d’autres enjeux sur le plan économique, social et même sécuritaire, à la lumière des conjonctures prévalant à l’échelle régionale, a estimé Merah dans sa réflexion.