C’est ce qui est officiellement expliqué: Le gouvernement saoudien et une coalition (il n’y pas de noms derrière ce terme) interviennent au Yémen pour lutter contre le groupe armé des Houtis.
Le nom donné à cette intervention est « l’opération tempête », termes fort appropriés puisque la situation est catastrophique. En effet, cela fait plus d’un an que ce conflit a lieu et pourtant rien ne semble nous faire croire que cela va s’arrêter.
Bien au contraire, si l’objectif de base de ces pays qui interviennent, c’est de lutter contre un groupe armé, il s’avère que les populations touchées sont surtout civils, un long dossier à ce propos d’Amnesty International nous le confirme : plus de 3.000 civils tués dont 700 enfants, environ deux millions et demi de citoyens yéménites se déplacent à l’intérieur du pays pour éviter les bombardements et au moins 83% de la population ( environ 25 millions d’habitants en 2013, le conflit ne permettant pas de savoir ce qu’il en est actuellement) ont besoin d’une aide humanitaire, on parle d’une famine depuis plusieurs mois déjà.
Mais qui sont ces nations derrières cette coalition et pourquoi vouloir officiellement s’attaquer à ce fameux groupe armé des Houtis?
Les pays qui soutiennent l’Arabie Saoudite sont donc également responsables des crimes de guerre qui se passent dans ce pays et l’ONG Amnesty International déclare avoir recensé des nombreuses atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire. Les attaques de la coalition sont multiples et « incessantes » à travers les airs selon toujours l’ONG.
Cependant, le conflit est également sur le territoire yéménite puisque plusieurs groupes s’affrontent les pros Houtis et les antis Houtis. Cette coalition comprend les gouvernements suivants et en trois catégories:
1. Ceux qui sont impliqués directement: l’Arabie Saoudite, le Bahrein, la Jordanie, le Qatar, le Maroc, l’Egypte, le Koweït, le Soudan,
2. Ceux qui donnent des renseignements: Les Etats-Unis et enfin,
3. Ceux qui soutiennent les interventions: La Turquie, le Sénégal, la Mauritanie, la Somalie et Djibouti.
A l’inverse, le seul pays qui soutien le groupe armé des Houtis serait l’Iran, à ce propos, il n’y a pas de confirmation officielle.
Les Houtis sont un groupe de citoyens yéménites (du Nord) qui organisait à la base des activités religieuses et culturelles, le fondateur ayant le nom du groupe donné dans les années 90.
Avec l’union de Yémen du Nord et du Sud qui date de cette même période, le groupe des Houtis vont manifester (et ce, même durant le printemps arabe en 2011 et où des centaines de personnes sont tués) contre le président en place (Ali Abdallah Saleh) créant au sein même de ce groupe une division entre ceux qui souhaitaient rester pacifiste et d’autres qui soutenaient l’utilisation des armes face à un gouvernement violent. Quelle est donc la raison des interventions quant à un conflit qui semble interne au pays?
Histoire:
C’est en 1990 que l’union entre le Yémen du Sud et du Nord se réalise sous la présidence d’un Ali Abdallah Saleh, déjà président du Yemen du Nord depuis douze ans et le vice présidence d’Ali Salem Al-Beidh du Yémen du Sud.
A partir de cette union, des tensions sont déjà présentes puisque le Sud du Yémen reste économiquement très faible et des répressions politiques y sont persistantes. Une guerre civile entre les deux partis du pays a lieu et l’instabilité politique continuera jusqu’à aujourd’hui cependant, avec notamment une autre perturbation, cette fois-ci, au Nord du pays par le groupe armé des Houtis à la frontière avec l’Arabie Saoudite (en 2009, les combats entre le gouvernement central du Yémen et les Houtis débordent sur les territoires saoudiens et le gouvernement intervient).
Le printemps arabe (2011) qui commença en Tunisie se présente également au Yémen pour plusieurs raisons et faisant sortir des milliers de citoyens: la corruption et les répressions sont notamment évoquées amenant à la destitution du président en place.
Le nouveau président en place Abd Rabbu Mansour Hadi persiste à maintenir les répressions et l’absence du respect des droits de l’Homme. Le gouvernement central fait donc face à des mouvements contestataires au Nord mais aussi au Sud du pays.
En 2014, le groupe armé des Houtis arrive au Sud, dissout le parlement et annonce vouloir établir un gouvernement de transition. C’est donc dans ce contexte que le président contesté Abd Rabbu Mansour Hadi trouve refuge auprès du gouvernement saoudien et fait appel aux pays du Golfe et notamment à l’Arabie Saoudite afin d’intervenir militairement contre les Houtis. Ces interventions et ces conflits se passent dans plusieurs parties du pays. (Pour plus d’informations à ce propos, voir le dossier d’Amnesty International).
La guerre ne se fait pas sans armes, qui sont les principaux fournisseurs?
Nous l’avons compris, c’est à la demande d’un président élu mais contesté par plusieurs groupes yéménites (qui deviendront les pros Houtis) que la guerre au Yémen ne se limita plus à être une guerre civile et la liste des victimes touchent bien plus les civils que des groupes armés (c’est d’ailleurs le même constat en Syrie).
Malgré cette analyse criée par plusieurs ONG des droits de l’Homme, le concept de la guerre et les protagonistes qui s’y impliquent ne semblent pas vouloir changer de méthode. Bien au contraire, l’achat d’armes de guerre est toujours en augmentation.
Selon Brian Wood, responsable des questions liées au contrôle des armes et aux droits humains au sein d’Amnesty International, 25 milliards de dollars ont été payés par l’Arabie Saoudite afin de se fournir le matériel nécessaire qui permettra de tuer encore plus de civils.
Mais si nous savons qui sont les acheteurs, pourquoi n’entendons-nous pas souvent et surtout aux informations, les pays qui vendent ces outils de guerre? Officiellement « l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont déclaré pour l’année 2015 des ventes d’armes et des licences d’exportation – notamment de drones, de bombes, de torpilles, de roquettes et de missiles » pour le gouvernement saoudien. Du coté des groupes armés Houtis, il semblerait mais cela n’est pas officiel, que le soutien militaire viendrait d’Iran.
Aussi, la question qui mériterait réflexion est de savoir comment présenter un conflit afin que les citoyens puissent se rendre compte de l’implication internationale de nombreux pays et donc de la complexité du conflit?
Nous pensons qu’il est essentiel que les journalistes et présentateurs de l’information expliquent en toute objectivité et sans laisser un prisme en particulier de coté, les crises qui se passent dans le monde.
Pourquoi? Afin que les citoyens soient avertis des implications de près ou de loin des gouvernements mais aussi afin que cette même conclusion puisse revenir: les victimes de ces conflits politiques et de la loi du business sont des citoyens comme vous et moi.
Pourtant, la thématique de la vente d’armes reste un sujet tabou aux informations et pourtant, elle reste un point essentiel dans la compréhension des conflits et notamment au Yémen.
Si autrefois les crises dans le monde semblaient lointaine, elles ne le sont plus aujourd’hui, ne serait-ce que pas l’arrivée de réfugiés ou par les nombreux attentats qui éclatent ici et là et ce ne sont jamais les gouvernants qui en paient le prix du sang!