À quelques encablures de l’élection présidentielle de 2019: Les démocrates sans voie

À quelques encablures de l’élection présidentielle de 2019: Les démocrates sans voie

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La richesse partisane que compte le pays demeure en friche, totalement occultée par le face-à-face MSP-Alliance présidentielle.

Le paysage politique national donne l’impression d’être limité à une Alliance présidentielle qui a la main sur la gouvernance du pays et un seul «grand» parti d’opposition qui multiplie les initiatives pour amener la majorité à partager le pouvoir en recourrant à des stratagèmes souvent anticonstitutionnels.

Les appels à des «périodes transitions», sentant l’entrisme à plein nez, brandies par le MSP, semblent résumer le débat politique de l’heure. Or, en élargissant l’angle de vue, l’on peut aisément constater que la scène politique est une vaste mosaïque composée d’innombrables partis, représentant tous le spectre idéologique qui sépare l’alliance présidentielle du MSP. De la gauche campée par le FFS, le MDS et le PT, jusqu’à la droite représentée par Talaë El Houryat, en passant par l’ANR ou encore le Front El Moustakbal et d’autres formations d’obédience islamiste, le paysage politique national est bien fourni.

Mais cette richesse partisane demeure en friche, totalement occultée par le face-à-face MSP-Alliance présidentielle. Et pour cause, à quelques encablures de la convocation du corps électoral et le lancement constitutionnel de son processus, aucun signal ne vient apporter un vrai début de réponse aux questionnements de l’opinion nationale.

A l’exception de l’activisme ostentatoire du MSP qui est allé jusqu’à l’arrière-cour du pouvoir, les autres partis de l’opposition semblent avoir pris la résolution de se tenir le plus éloigné possible de cette élection majeure qui n’est pas des moindres, exception faite de quelques candidatures timides et quasi invisibles.

L’opposition s’est donc contentée d’ânonner quelques «périphrases» qui n’apportent, faut-il le souligner, aucun élément sérieux au débat de l’heure, à savoir l’élection présidentielle de 2019.

De l’aphasie d’une certaine opposition dite démocratique à la logorrhée de la mouvance islamiste, le citoyen ne sait plus à quel saint se vouer. C’est tellement kafkaïen, la situation est devenue presque opaque quant aux approches et conceptions fumeuses et faux-fuyantes de ces semblants représentants de l’opposition.

La classe politique est circonspecte, l’opposition joue les Cassandre. Elle ne propose pas d’issues. Elle attend Godot pour qu’il puisse l’orienter ou l’illuminer dans sa voie de «salut».

L’opposition trouve le moyen de fuir ses responsabilités dans un contexte crucial, surtout par rapport au calendrier politique fatidique à l’image de l’élection présidentielle dont le processus ne devrait pas tarder à s’enclencher comme cela est prévu par la loi électorale. On a vainement essayé de contacter les partis de l’opposition pour savoir de près ce qu’ils conçoivent et préparent quant à cette joute électorale importante dans l’histoire du pays. Mais hélas, certains cadres desdits partis de l’opposition ont répondu sèchement en rétorquant que «désolé, je ne peux pas réagir en ce moment», sic. Les islamistes versent dans la surenchère qui ne vise rien, si ce n’est leur implication dans un processus politique.

Il importe peu pour eux que cela soit en contradiction avec les attentes de la société ou en parfaite divergence avec les intérêts de l’Etat.

La politique est vue chez ces politiciens comme un moyen pour se recycler et se positionner par rapport à une logique rentière tous azimuts. Quant à la situation politique dans laquelle est empêtré le pays, cela n’est pas du tout important aux yeux d’une classe politique qui ne réagit que quand les dès sont jetés et l’oracle lui sera annoncé.

Le brouillamini est la conséquence d’une situation politique où une classe politique dans son ensemble n’est pas conséquente, ni engagée dans un processus politique qui met l’intérêt supérieur de la nation au premier rang. C’est la démarche partisane au sens péjoratif du terme qui prend le dessus. Ce constat se précise aujourd’hui avec ce silence de marbre de l’opposition en général.