A quelques jours seulement de la rentrée scolaire, les magasins et les étals de la friperie à Mostaganem, connaissent, ces jours-ci, une effervescence particulière. Les ménages modestes, saignés à blanc par les dépenses inhérentes, se retrouvent avec un porte-monnaie plus qu’allégé.
En effet, une certaine catégorie de citoyens reste encore indécise quant à la pratique du rituel qui sacralise cet événement religieux. Refroidis par la courbe ascendante que suivent depuis plusieurs années les prix du mouton, les Mostaganémois, notamment ceux aux bourses moyennes, renâclent à s’offrir la bête. Feront-ils l’impasse pour cause d’incapacité financière ? À un mois de 20 jours, la question n’est toujours pas tranchée dans la tête des habitants composant cette frange de la société. Les raisons se concentrent sur les dépenses durant le Ramadhan, l’Aid El Fitr, et la période estivale, suivi par ceux des vacances.
A cet effet, au vu des conditions de vie difficiles et avec un pouvoir d’achat qui ne s’arrête pas de s’effondrer, la fripe constitue pour les pères de famille à faible revenu «la planche de salut et le moyen désigné pour la satisfaction de nombre de leurs besoins essentiels en vêtements et chaussures», pour habiller leurs enfants. Ils savent pertinemment que c’est là autant de rendez-vous où ils seront quasiment saignés à blanc et y laisseront leurs économies pour ceux qui en possèdent. Les autres n’auront qu’à emprunter. Du coup, les marchés de vieux vêtements sont devenus des concurrents sérieux à ceux du neuf. Devant le succès que rencontrent les marchés de la fripe, des boutiques qui ouvrent de plus en plus en ville. Selon des chefs de familles, ces endroits où se vendent des articles déjà utilisés offrent des produits variés assez présentables et peu chers. Ainsi, un père de famille déclare : « J’ai déniché de vieilles vestes d’occasion que j’ai achetées pour mes deux enfants adolescents qui sont difficiles à contenter, et ce, pour seulement 1 000 DA l’unité.» Et de poursuivre : «Dans les magasins qui vendent des produits neufs d’importation, des blousons similaires dépassent les 6000 DA pièce. Idem pour ceux de fabrication locale, qui coûtent pas moins de 3 000 à 4 500 DA».
Une mère de quatre enfants, dont deux adolescents, pas faciles à satisfaire, dira : «J’ai dû faire plusieurs boutiques de fripe pour trouver des pantalons jeans, délavés et de la marque désirée. » Et d’ajouter : « Je suis contente, malgré tout, puisque j’ai pu me les dégoter à des prix compris entre 500 et 900 DA le pantalon, sachant que dans les vitrines, ils sont proposés à pas moins de 6000 DA». N’étant qu’une modeste fonctionnaire et donc une simple salariée, avec ces quatre enfants allant à l’école, avec un pouvoir d’achat en chute libre, pour boucler les fins de mois, j’ai souvent recours à l’emprunt auprès de connaissances et amis, qui ne manquent pas heureusement.» Et de souligner : «Je suis toujours à la recherche d’articles à petit prix, et c’est ainsi que j’ai pu pourvoir aux besoins de la famille dans la dignité, en matière d’habillement.» En tout état de cause, le succès de la fripe est tel que dernièrement à Mostaganem-ville, il est un phénomène nouveau qui a fait son apparition.