Les accusations portées contre l’ancienne ministre de l’Industrie, Djamila Tamazirt, sont lourdes. L’ex-responsable au gouvernement risque 10 ans de prison dans l’affaire du complexe Corso, ou elle fait face à des chefs d’inculpation liés à la dilapidation de deniers publics, l’abus de fonction pour obtention d’indus privilèges et l’octroi d’indus avantages.
Au cœur de l’Affaire du complexe Corso, le « scandale » de la vente au rabais, voire « au kilo », du matériel de la minoterie. Le complexe agroalimentaire de Corso relevant du groupe Eriad a été, dans un laps de temps très court, démonté et sa ferraille vendue au kilo.
Selon les avocats de Djamila Tamazirt, qui était directrice du complexe étatique lors de cette période qui a mis fin à son activité, il s’agit d’une accusation qui n’a pas lieu d’être. Selon eux, « ce sont des ordres qui viennent d’en haut qui font que l’affaire a pris une telle dimension ».
Tamazirt a soutenu lors du procès qui a débuté la fin de la semaine écoulée qu’elle ne faisait qu' »exécuter la liste délivrée par le Conseil des Participations de l’État (CPE) qui stipulait qu’il fallait procéder à l’évacuation des lieux afin de permettre au partenaire Benamor d’installer son propre matériel ».
Le matériel a-t-il été vendu à l’état ?
Aujourd’hui, c’est l’avocat de l’ex-ministre qui vient affirmer que toute cette affaire n’est qu’une cabale montée de toutes pièces contre sa cliente, Djamila Tamazirt. « Ma cliente a d’abord été entendue par la Brigade de Recherche de la Gendarmerie de Boumerdes, mais le 14 janvier une lettre de la Sûreté Intérieure a fait qu’elle a été mise en examen, …. suite à quoi elle s’est retrouvée en prison », a lancé Me Nabil Ouali.
Et d’ajouter que Djamila Tamazirt, « en tant que Directrice du Complexe de Eriad, dispose des pleins pouvoirs pour prendre les décisions qui lui semble les plus appropriées ». Ouali assure que « lorsqu’il a été confirmé par le rapport de l’ENACT et du Comité Interne que l’équipement n’est plus utilisable, il a été décidé de le vendre aux enchères selon les procédures en vigueur ».
L’avocat poursuit que « effectivement il a été vendu. Mais à qui ? À des entreprises publiques, où est l’erreur là-dedans ? Où bien s’agit-il simplement d’un règlement de comptes ? », s’interroge Me Ouali. Selon lui « Tamazirt est entrain de payer le prix de son succès, car le poste qu’elle occupait était stratégique. Elle a pu affronter la mafia et leur a fait la guerre en silence ». L’avocat s’interroge aussi sur les raisons qui font que « le reste des accusés ne sont pas en prison alors que presque tout le monde fait face aux mêmes accusations ».
Tamazirt victime d’un coup monté ?
« Qu’est-ce que Djamila Tamazirt a gagné de la vente du matériel du complexe Corso ? », s’interroge Me Ouali, qui a rappelé que la vente s’est faite suite à la visite du ministre de l’Agriculture, et sur le caractère « urgent » qui a caractérisé la vente, il pointe la crise du pain qui a poussé le ministre a exercé une pression sur sa cliente.
« Le parquet peut-il nous montrer un seul document qui prouve que Djamila Tamazirt soit détentrice d’un compte bancaire en France ou en Suisse ? Il s’agit de simples suppositions et d’allégation vides de véracité et d’exactitude », se défend Me Ouali.
Le Pr Bellil quant à lui a expliqué que le matériel du complexe Corso est vraiment « un tas de ferraille ». Il souligne qu’il est resté à l’arrêt pendant plus de 10 ans et que l’humidité lui a fait perdre plus de 55 % de sa valeur.