À travers les marchés, Les prix des fruits secs et séchés flambent

À travers les marchés, Les prix des fruits secs et séchés flambent

Peut-on imaginer une table au cours du ramadan sans le kalb ellouz fait à base d’amandes et de semoule accompagne le thé de la soirée ? Un tour effectué hier, dans les différents marchés de Bab El Oued et de la place des Martyrs renseigne sur la cherté des amandes qui atteignent 2.000 DA, 1.600 DA, 2.600 DA, 1.800 DA le kg. Il y a à peine quelques mois, l’amande était cédée entre 500 et 800 DA le kg. Les prix des fruits secs entrant dans la composition des gâteaux pour accueillir le ramadan et pour célébrer les fêtes sont « brûlants ».

Le prix de l’amande, considérée comme l’ingrédient incontournable pour la confection de mets à l’instar du kalb Ellouz, de la baklawa, des knidlettes et du m’khabez s’est déjà envolé. Les autres fruits secs sont boudés par les ménagères. Les étals de la rue de Chartres, naguère bondés à la veille de l’approche du ramadhan, sont presque vides. La raison ? Les prix des noisettes, des noix, des noix de pécan, des noix de cajou, des pistaches dépassent tout entendement. Dans cette ruelle habituellement grouillante de monde, un commerçant a carrément changé d’activité. « Je ne peux pas vendre à ces prix-là », nous confie-t-il. Les ménagères devant accueillir le mois sacré avec les ktayef et le kalb ellouz vont devoir « cogiter » plusieurs nuits pour trouver la parade. Il s’agit de faire honneur à (sidna) ramadan en confectionnant plusieurs sortes de gâteaux. Comment concilier le porte-monnaie et les menus qui, par tradition, sont copieux ? Une dame rencontrée devant un étal de fruits secs s’est montrée bien embarrassée. Elle doit marier son fils juste après le ramadhan.

« Il me faut au moins 50 kg d’amandes ainsi que des noix », nous dit-elle. « Il faut respecter la tradition sinon les langues vont se délier et les gens jaser », a-t-elle raconté. « Je dois faire des calculs », ajoute la dame visiblement « douchée » par les prix affichés. D’autres ménagères « trichent » en mélangeant les amandes avec des cacahuètes. L’astuce peut s’avérer acceptable mais le goût diffère. Par contre, d’autres mères de famille redoublent d’ingéniosité pour pouvoir confectionner des gâteaux variés à base de noix de coco, de semoule ou de farine ne nécessitant pas beaucoup d’amandes. La préparation du fameux « tajine h’lou », dégusté en fin de repas, doit comporter au moins deux fruits séchés (abricot et raisins secs) et des amandes. Les moins nantis ont déjà commencé à compter leurs sous, à prévoir des économies… Pour Hadj Tahar Boulanouar, porte-parole de l’UGCAA, « tous ces produits sont importés et, par conséquent, il faut s’attendre à d’autres augmentations avec l’arrivée du ramadan ».

Coïncidant avec les examens de fin d’année, le ramadhan risque de saigner bien des familles. Il déplore que les « importateurs ramènent toujours la même quantité. L’offre réduite ne peut tirer les prix que vers le bas ». Il déplore la marge bénéficiaire que s’octroient les détaillants. Il estime, qu’à l’instar des autres marchandises, « le commerce des fruits secs est mal contrôlé ». La solution, selon lui, est « d’investir dans l’agroalimentaire étant donné que la matière première existe en quantité suffisante sur le marché ». Il cite, notamment, le raisin et l’abricot qu’on peut transformer en fruits secs ou en confiture pour inonder le marché. « Ainsi, on dépendra moins des importateurs. »

Rabéa F.