Le mouvement de redressement et de l’authenticité du FLN qui fut à la base de l’éviction de l’ancien SG, Abdelaziz Belkhadem, revient sur la scène à travers une lettre ouverte datée du 16 novembre et signée par son coordinateur Abdelkrim Abada, adressée au SG actuel Amar Saâdani et dans laquelle il lui suggère de mettre en place une commission nationale chargée de la préparation du prochain congrès avec toutes les prérogatives nécessaires.
Une menace a peine voilée du tonitruant coordinateur du mouvement qui n’en est pas à sa première salve à l’encontre de l’actuel SG. Constant les dérives organiques opérées par Saâdani à travers les nominations des ses proches aux postes de mouhafedh et la mise à l’écart d’autres membres qui lui sont hostiles, le coordinateur du mouvement de redressement, qui refait surface après une période léthargie, se réveille à la faveur de la crise interne qui frappe de plein fouet le FLN.
Le groupe Belayat a été même interdit par la police de tenir une rencontre à El Biar la semaine dernière. Le SG du FLN serait, dit-on, derrière cette interdiction. Abada, qui a apporté son aide à Amar Saâdani dans la tenue de la dernière session du comité central, menace de le lâcher.
Dans la cette missive, Abada exprime la vision du mouvement de redressement qu’il dirige sur la situation de crise que vit le FLN et suggère des solutions.
Il appelle Saâdani à tirer les leçons des précédents conflits et à opter plutôt pour le dialogue et l’apaisement en évitant toute forme d’exclusion ou d’abus de pouvoir. Il l’invite à concentrer les efforts du parti sur la préparation du congrès en ouvrant la porte à tout le monde.
Ce congrès devra être, estime ainsi le dirigeant du mouvement de l’authenticité du FLN, une étape pour régler définitivement la crise que vit le parti depuis plusieurs années. Abdelkrim Abada exige l’ouverture d’un débat démocratique et transparent autour de la préparation du congrès et essentiellement sur les textes régissant le parti. Parmi les textes qui doivent, affirme-t-il, être sérieusement débattus au sein de la base militante et des structures locales et nationales du parti, il y a les statuts et le règlement intérieur du parti.
A cela s’ajoute l’installation de la Commission nationale de préparation du congrès, qui « doit être composée de militants sincères et dont l’intégrité est reconnue de tous ». Selon Abada, la désignation de Saâdani n’a pas mis fin à la crise, ni créé une atmosphère de sérénité à l’intérieur du parti. De même que les réformes proposées par Saadani lors de son élection n’ont pas été réalisées. Pour ce faire et afin de dépasser la crise interne qui secoue le parti, le coordinateur du mouvement de redressement suggère une réconciliation à l’intérieur du parti avant l’organisation du 9e congrès.
Cette lettre d’Abada n’a reçu aucune réponse de la part du destinataire. La diffusion de cette lettre, adressée aujourd’hui à la presse nationale, signifie-t-elle que la guerre est aujourd’hui déclarée entre les deux hommes ? Le coordinateur du mouvement de redressement avait déjà avertit l’actuel SG du FLN.
« C’est comme si on avait remplacé un homme par un autre » dit-il, estimant que le nouveau SG du FLN perpétue les mêmes comportements, commet les mêmes erreurs à l’origine des crises internes et de la création du mouvement de redressement.
D’ailleurs, les redresseurs attendaient, depuis le fameux plébiscite de Saâdani à El Aurassi, qu’il prenne une première et énergique initiative politique en direction de ses adversaires, qu’il organise au moins des entretiens avec tous les acteurs influents du parti afin de façonner un plan de sortie de crise, sur la base d’une réconciliation avec tous les militants et avec tous les appareils du vieux parti. Enfin, Saâdani joue politiquement à l’aveugle et au sourd, quand il s’interdit toute approche avec aussi bien les redresseurs que ses adversaires. « C’est le signe qu’il privilégie la logique du pourrissement » estiment les redresseurs.
Pour Abada, il existe toujours les mêmes risques de dérives, les mêmes dangers qui ont précipité le FLN vers la crise, tant que le nouveau SG ne prend pas conscience que la fracture organique est si importante, d’autant que la base du parti ne cesse de dénoncer la mainmise de la « chkara » sur les appareils du parti par les milieux d’affaires.