ALGER- Le défunt Abane Ramdane, une des principales figures de la Guerre de libération nationale (1954-1962) a lutté « de toutes ses forces » contre la division pour réaliser « l’union sacrée » qui aboutira au déclenchement de la révolution, a affirmé sa veuve Isa Dehilès, dans un témoignage écrit et publié jeudi à titre posthume par le quotidien El-Watan.
« (…) il combattit la division de toutes ses forces afin de réaliser l’union sacrée qui allait déboucher sur une véritable machine de guerre », a-t-elle écrit dans ce témoignage mis à la disposition de la rédaction d’El-Watan par ses enfants, Ali et Nafissa Dehilès.
Evoquant la démarche d’Abane Ramdane, « vivement » critiquée par certaines figures historiques, quand il a demandé à Ferhat Abbas de rejoindre le Front de libération nationale (FLN), Isa Dehilès a assuré que son défunt mari était « un rassembleur » qui estimait que « la Révolution doit être l’£uvre de tous, sinon elle sera vouée à l’échec ».
Selon sa veuve, Abane Ramdane a appelé Ferhat Abbas à rejoindre les rangs du FLN parce qu’il estimait que ce dernier « est un symbole » et qu’il « va irradier le FLN de son aura », affirmant que son mari était « hors de lui » parce que les autres ne comprenaient pas qu’il ne voulait « rien laisser à la France ».
Isa Dehilès a assuré, en outre, qu’Abane Ramdane était un « fervent démocrate assumé » et non « pas un despote », soulignant qu’il « prenait en considération l’avis de son vis-à-vis et savait aussi reculer pour mieux sauter ».
« Il n’a jamais imposé ses décisions par la force. Il adorait débattre et se pliait devant la majorité », a-t-elle ajouté, citant pour preuve son inclinaison devant Ben M’hidi et Ben Khedda lorsque ces derniers ont préféré le nom d’El Moudjahid à ceux qu’il avait proposé pour le journal qui allait devenir « le journal de propagande du FLN ».
« Ben M’hidi et Ben Khedda proposèrent le nom d’El-Moudjahid qui fut d’emblée rejeté par Abane, car ce nom, selon lui, donnait une connotation religieuse. En revanche, il proposa Le Combattant ou Le Résistant qui pour lui serait le dénominateur commun pour toutes les différentes factions qui ont rejoint le Front. Comme Abane s’inclinait toujours devant la majorité, le nom d’El Moudjahid fut retenu et adopté », a-t-elle raconté dans son témoignage.
La veuve d’Abane Ramdane a témoigné également de la grande sensibilité qui caractérisait l’homme, assurant que ce dernier « a carrément sangloté pour Hachemi Hamoud » quand il a appris sa mort sous la torture.
« Ne sois pas étonnée qu’on vienne un jour t’annoncer ma mort!. On finira tous par y passer,…. », aurait-il confié à sa femme.