Abdelmadjid Attar à l’INSIM de Tizi Ouzou hier: L’Algérie condamnée à réussir sa transition énergétique

Abdelmadjid Attar à l’INSIM de Tizi Ouzou hier: L’Algérie condamnée à réussir sa transition énergétique

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L’ancien ministre des Ressources en eau et ex-président-directeur général de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a animé une conférence hier à Tizi Ouzou où il a assisté à l’ouverture des journées de l’étudiant organisées par l’Insim.

L’invité de cet institut dédie la manifestation à l’ouverture de son Ecole supérieure de management (Emto) qui est la première à Tizi Ouzou à faire son entrée dans l’enseignement universitaire. L’Emto est par ailleurs, selon Younès Abdelmalek, DG de l’Insim de TiziOuzou, la troisième que le groupe ouvre en Algérie.

Prenant la parole devant une assistance faite de cadres d’entreprises nationales, d’enseignants de l’institut et d’enseignants et chercheurs de l’université de Tizi-Ouzou, les représentants des universités Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, Akli Mohand Oulhadj de Bouira, et d’Alger. La salle était également agréablement remplie d’étudiants de l’Insim et de l’Ummto. L’orateur a abordé la sécurité et la transition énergétique et l’inévitable et épineuse question de l’exploitation du gaz de schiste. L’ancien responsable de la firme nationale de pétrole et néanmoins expert et consultant international s’est voulu optimiste et rassurant quant au recours à cette source d’énergie non conventionnelle.

Pour Abdelmadjid Attar, le recours à cette source, même si elle nécessite des ressources financières faramineuses s’imposera à partir de 2030. C’est le dernier délai que ce consultant international accorde aux ressources nationales conventionnelles. A cet horizon, l’Algérie n’aura plus un baril de pétrole à exporter. Les besoins nationaux consommeront toute la production d’énergie conventionnelle. La nécessaire question de l’exploration du gaz de schiste se posera car c’est de la réponse à lui donner que dépendra la sécurité énergétique nationale.

Pour Abdelmadjid Attar, le passage à des énergies renouvelables aura besoin inévitablement de l’exploitation des énergies non renouvelables. Il citera pour exemple, l’utilisation de l’eau pour l’extraction de pétrole et de gaz, mais aussi l’utilisation de cette énergie fossile pour les besoins de la consommation nationale de l’eau potable et en agriculture. Par ailleurs, l’orateur s’est voulu rassurant quant à l’exploitation de cette ressource non conventionnelle considérant que le contrôle rigoureux de l’Etat et des organisations de la société civile comme les associations est suffisant pour éloigner les risques.

Balayant d’un trait les craintes relatives aux conséquences géologiques de la fracturation, Abdelmadjid Attar affirmait que les profondeurs des schistes qui dépassent les 1 500 mètres font que les effets de la fracturation ne parviennent jamais à la surface, à l’exception d’effets qu’il qualifiera de superficiels comme les vibrations. De toute façon, précise-t-il, la technique de fracturation est déjà utilisée pour l’extraction de pétrole et de gaz conventionnels.

Ce qui inquiète, par contre, l’ancien ministre, est plutôt l’utilisation de l’eau. Pour lui, l’Algérie devra bien contrôler l’utilisation de l’eau pas seulement pour l’extraction du gaz de schiste, mais dans tous les domaines. Les pertes de cette ressource sont dramatiques. L’autre inquiétude de l’expert est le retard accusé dans le passage à l’énergie solaire. Pour lui, l’objectif d’arriver à 22.000 millions mégawatts ne sera jamais atteint. Le retard est énorme pour espérer réussir ce défi.

En filigrane, au-delà des chiffres dont il a enrichi sa communication, Abdelmadjid Attar a énuméré sept défis que l’Algérie devra relever pour réussir sa transition et par voie de fait sa sécurité énergétique dans un monde sans pitié pour les faibles. Il s’agit d’abord, pour lui, de diminuer le poids de la dépendance à la rente, faire face à l’épuisement des hydrocarbures conventionnels et l’accroissement rapide de la consommation énergétique. Nos besoins sont les plus grands en Afrique et dans le Bassin méditerranéen avec 8% de la production chaque année. Le quatrième défi est de contrôler et réussir le recours aux hydrocarbures non conventionnels, réussir le recours avec son accélération au rythme des besoins, l’efficacité et enfin réussir à déterminer le modèle de financement de la transition.