Ce qui va permettre à l’Algérie de se développer est l’investissement productif dans le savoir, la formation et le management.
La lutte contre la bureaucratie reste encore à mener en Algérie, a indiqué hier l’expert en économie, Abdelhak Lamiri, en animant le Forum économie du journal El Moudjahid. Ce constat n’émane pas seulement de sa personne, a précisé l’expert, mais il est partagé par tous les acteurs économiques.
«Le patronat et l’Ugta l’ont longuement dénoncée à l’occasion de la dernière tripartite», a-t-il ajouté. Pour lutter contre, Abdelhak Lamiri préconise de décentraliser davantage la gestion et de faire désormais des collectivités locales des centres de décision à part entière. «C’est ce qui a fait de la Chine le géant économique du monde aujourd’hui», a-t-il plaidé. Abordant en outre la crise économique que traverse l’Algérie depuis maintenant plus de deux ans, l’économiste, a dit que le pire a été évité et à moindres dégâts; comparativement à d’autres pays, tels que l’Arabie saoudite. «Cela a été rendu possible grâce à une batterie de mesures judicieuses que le gouvernement a prises, notamment en ce qui concerne la réduction des importations, la rationalisation des dépenses et l’encouragement de la production nationale», dira-t-il.
Ces mesures sont-elles pour autant suffisantes pour permettre à l’Algérie de se développer et de se passer des revenus du pétrole? Le conférencier reste dubitatif. «Ce qui va permettre à l’Algérie de se développer, ce sont l’investissement productif(création de PME- PMI), l’investissement dans le savoir, la formation et le management.», a-t-il répondu. Interrogé par ailleurs sur le risque de l’épuisement des réserves de changes de l’Algérie en cas de maintien de la situation économique actuelle, Abdelhak Lamiri a tenu à rassurer: «Les réserves de changes ne vont pas descendre en dessous des 90 milliards de dollars, si l’Algérie continue à maîtriser la réduction des importations aux alentours de 35 milliards de dollars/ an et préserver ce rythme de dépenses».
«La maîtrise des importations et la rationalisation des dépenses permettront aussi à l’Algérie de ne pas recourir à l’endettement extérieur», a indiqué l’invité du Forum d’El Moudjahid, en faisant remarquer que la société va ressentir par contre avec douleur les conséquences de cette politique qui ne permettra plus d’augmenter les salaires ou de recruter. L’auteur du livre génial «La décennie de la dernière chance», a commenté longuement auparavant la mauvaise politique du gouvernement d’avant la crise, laquelle consacrait presque 35% du PIB national aux équipements et à la réalisation des infrastructures de base.
«Ce n’est qu’en Algérie que le budget d’équipement dépasse celui de fonctionnement», s’est-il étonné, précisant que les dépenses massives dans les équipements favorisent la corruption et la dilapidation de l’argent. Commentant par ailleurs les déclarations du FMI prévoyant un taux de croissance de 2, 9% pour l’Algérie durant l’année en cours, le professeur dira que ce taux pourrait atteindre jusqu’à 3, 4 ou 3, 8% au cas où l’Algérie saura maîtriser le taux d’inflation. Invité en dernier pour donner ses prévisions quant aux prix du baril du pétrole pour les prochains mois, Abdelhak Lamiri s’est dit incapable de le faire. «Les pronostics des uns et des autres, s’agissant des cours du pétrole, sont des impressions personnelles», a-t-il conclu.