L’université algérienne a vécu hier une journée ordinaire. Cela était particulièrement visible à Alger, au niveau de la Faculté centrale, à l’institut de traduction et d’architecture où les étudiants ont suivi leurs cours normalement.
Cela veut-il dire que l’appel à la grève du Cnes a fait flop ? “Que nenni, nous a affirmé le coordinateur national du Cnes, Abdelmalek Rahmani. Nous avons lancé un mouvement qui commence par des journées de protestation, certes, mais notre objectif va au-delà, c’est de tirer la sonnette d’alarme au sujet de la situation inquiétante que vit aujourd’hui l’université.” Dans un constat sur la situation du secteur, le coordinateur national du Cnes a fait état, dans ce sens, de “laxisme et de discours soyeux, anesthésiant, qu’est en train de développer le ministère de tutelle, afin de tromper l’opinion publique et les autorités du pays”. Ce qui a fait réagir les enseignants du supérieur, qui ont décidé d’un train de mesures de protestation.
À commencer par trois journées de protestation les 13, 14 et 15 décembre, puis les 5, 6 et 7 janvier 2016. Un sit-in de protestation devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), par tous les membres des bureaux des sections Cnes, aura lieu le 15 décembre. Il est question, en outre, de l’organisation d’assemblées générales des sections pour enrichir la plateforme de revendications et dégager les moyens à même de les faire aboutir. Et enfin, le boycott des journées sur le LMD prévues par la tutelle. Selon M. Rahmani, l’un des trois objectifs fixés par le Cnes, est d’alerter l’opinion publique et les autorités sur l’absence de dialogue entre la tutelle et le partenaire social. “Les déclarations du ministère, qui clame que les portes sont ouvertes, sont destinées juste pour la parlotte et à maintenir l’université sous perfusion à travers les réformettes. Mais nous, nous voulons de l’action, visant à concrétiser les promesses de la tutelle”, a affirmé notre interlocuteur.
“Ce moment de protestation est vraiment solennel”, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il se veut “un moment de méditation sur le devenir de l’université”. Il poursuivra en rendant hommage aux enseignants universitaires ayant démontré leur solidarité avec le syndicat, pour faire échouer une manœuvre de désinformation faisant croire à l’annulation du mot d’ordre lancé, dira-t-il, un tantinet dépité, tout en faisant état d’un dépôt de plainte contre X, effectué par ses soins, pour “faux et usage de faux”. Mais, en dépit de cela, “le mouvement a bien marché, puisque l’on a enregistré un arrêt des cours de 100% dans certains établissements de l’intérieur du pays”, a précisé M. Rahmani, en insistant sur la finalité de cette action, à savoir alerter sur la situation de l’université.
Pour autant, “nous n’avons pas besoin d’une démonstration de force, mais l’université a besoin de cohésion”, a-t-il enchaîné. Il a, dans ce sens, lancé un défi à la tutelle qu’il qualifié d’“autiste”, à “rendre publiques les solutions qu’il préconise pour sortir l’université de son profond marasme”. Le coordinateur national du Cnes, pour sa part, préconise “un large débat qui ne coûte aucun centime, contrairement à la conférence nationale sur le LMD qui va coûter des milliards, et dont les résultats sont connus d’avance”.