Accès aux archives nationales : le sujet qui fâche toujours

Accès aux archives nationales : le sujet qui fâche toujours

“À ma connaissance, il n’y a pas d’archives falsifiées ou truquées. Ce qui existe aux Archives nationales, par hypothèse, est authentique”, a expliqué, hier, le directeur des Archives, M. Chikhi.

L’accessibilité aux Archives nationales demeure, 60 ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, un sujet tabou. Voire un sujet qui fâche au vu des conditions que cette institution pose aux chercheurs, aux journalistes et au grand public curieux de savoir la vérité sur des faits historiques. L’invité de la rédaction de la Chaîne III a éludé plusieurs questions liées à ce chapitre important de l’Algérie.

À ses yeux, “beaucoup de gens se trompent”, sur l’accessibilité aux archives. Et d’insister : “Il y a des archives accessibles et d’autres qui ne le sont pas.” Il est vrai que le sujet est sensible, mais qu’a-t-on fait pour le démystifier ou, du moins, rendre la chose transparente. M. Chikhi s’en défend et avoue qu’il y a des archives qui ne sont pas “accessibles” ou le sont “sous conditions”. Bien plus, il révélera qu’il existe même des archives qui ne sont “pas accessibles du tout”.

Il citera, entre autres, les archives courantes et dont la durée de vie oscille entre un et cinq ans. Suite à quoi, il abordera les archives intermédiaires, à savoir celles de moins de vingt ans d’âge, et les archives historiques qui ne peuvent être consultées qu’au-delà de 30 ans. “Jusqu’à cette limite, les archives ne sont pas accessibles à tout le monde (…) Les individus qui font une recherche sur des évènements contemporains doivent au préalable obtenir l’autorisation de l’administration qui les a produites.” Mais il confirmera, encore une fois, que “les archives historiques peuvent sous certaines conditions être consultées, sauf celles concernant la sécurité de l’État, dont l’accessibilité est limitée, tout comme celles touchant à l’ordre public et aux intérêts nationaux”. Autres archives intouchables, “les documents pouvant attenter à l’honneur des familles”. Ces archives ne peuvent être consultées qu’après une durée de cent ans. Du reste, M. Chikhi réaffirmera que “la consultation de certains autres documents est aussi conditionnée”.

À la question si l’Algérie tient toujours à restituer ses archives, M. Chikhi dira sèchement : “Bien sûr qu’on y tient. C’est quelque chose de stable, d’indélébile et c’est une demande inscrite dans les tablettes de l’État algérien. Nous y tenons absolument.” Suivra l’éternelle question des archives truquées et falsifiées. “Je pense que ce sont des allégations qui sont gratuites. Personne n’est à l’abri de la falsification. Et si c’est le cas, seules les expertises peuvent le dire. Mais accuser d’emblée les autorités archivistiques françaises ou d’autres, ce n’est pas le cas. Et puis, les archives nationales sont partout, pas seulement en France. À ma connaissance, il n’y a pas d’archives falsifiées ou truquées. Ce qui existe aux Archives nationales, par hypothèse, est authentique”, expliquera-t-il.

Il citera l’exemple des évènements du 17 Octobre à Paris et rappellera que ce qui est consigné par le préfet de police Papon et la Fédération de France du FLN sont différents. Papon faisait état de 10 morts et le FLN avait consigné plus de 300 morts, sans compter 12 000 personnes transférées en Algérie.

Visiblement gêné par le nombre des archives récupérées chez les Français et les Turcs, il enchaînera : “Il est malvenu de parler de poids ou de nombre dans les archives. Un seul document peut peser des tonnes, comme des tonnes d’archives peuvent peser quelques grammes. L’opération dure dans le temps pour récupérer le plus possible d’archives.” Concernant les archives détenues par la Bibliothèque nationale et qui ne sont pas transférées aux Archives nationales, M. Chikhi a estimé qu’il s’agit de la distribution des rôles.

Au lendemain de l’Indépendance, cette tâche a été attribuée à certaines institutions de l’État, comme la présidence de la République, le ministère de la Culture et de l’Information. À un moment, il y a eu la création d’un centre de recherche historique et qui avait cette compétence. Entre-temps, les bibliothèques ont eu aussi ce rôle.

F. B.