Si la résolution adoptée dans la nuit de vendredi à hier par le Conseil de sécurité de l’ONU ouvre la voie à un cessez-le-feu et à de véritables négociations pour mettre fin à la guerre en Syrie, il reste que les nombreux désaccords entre les grandes puissances sont difficilement surmontables outre la défiance des rebelles.
Cette volonté d’aller vite avec comme objectif de lancer les discussions “au début janvier 2016” tout en les faisant coïncider avec un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU sur l’ensemble du territoire syrien, risque de se heurter aux divergences persistantes entre les Occidentaux qui exigent le départ de Bachar al-Assad, et les Russes, qui le soutiennent mordicus. En effet, le sort du président syrien divise profondément les deux parties.
De toute façon, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est également dit “sans illusions” sur la difficulté de la tâche, tout comme le médiateur de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, qui s’est voulu “réaliste” sur la complexité du processus, tout en précisant : “Nous espérons (…) être capables de le faire en janvier.”
Cet avis est partagé par Samir Nachar, un membre de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l’opposition en exil, qui a estimé hier que “compte tenu de la réalité sur le terrain et de l’impasse faite sur le sort de Bachar al-Assad, l’accord n’est absolument pas applicable”.
Même son de cloche chez Karim Bitar, le directeur de recherches à l’Institut français de relations internationales, pour qui la résolution “est un premier pas très significatif mais de nombreuses ambiguïtés et arrière-pensées demeurent”. Selon lui, “les États-Unis et les Russes ont fait prévaloir leurs intérêts et les ont imposés aux autres pays”, alors que “les puissances régionales sunnites continuent de craindre que ce pragmatisme ne pérennise le statu quo et permette le maintien d’Al-Assad sur une trop longue période de transition”.