Cinq années après son entrée en vigueur, l’Accord d’association Algérie- Union européenne n’a pas eu l’effet escompté, celui de booster les exportations algériennes hors hydrocarbures et d’attirer des investissements directs productifs. Les négociations entre l’Algérie et l’Union européenne pour la révision de certaines clauses de l’accord d’Association s’annoncent difficiles.
C’est du moins ce qui ressort de la conférence de presse animée, avanthier, à la résidence Djenane El Mithak (Alger), par le ministre des Affaires étrangères M. Mourad Medelci et le Commissaire européen à l’élargissement et à la politique de voisinage M. Stefan Füle, en marge de la signature du programme indicatif national 2011-2013 et de la Convention de f inancement du programme d’appui à la politique sectorielle de l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique en Algérie.
Le langage diplomatique usité cache mal les divergences de fond entre les deux parties. « L’Algérie a, à travers l’UE, un partenaire extrêmement important et nous constatons qu’il est, de plus en plus, à l’écoute de nos préoccupations », a indiqué le ministre des Affaires étrangères.
Cependant, M. Mourad Medelci, a relevé l’existence «de problèmes» qui sont, a-t-il précisé, «dans la nature des choses lorsqu’on veut avancer». Le ministre des affaires étrangères souligne que si dans le domaine commercial, le partenariat «fonctionne bien», sur les autres chapitres, notamment l’investissement, «il y a des efforts à faire ».
Le Commissaire européen à l’élargissement et à la politique de voisinage M. Stefan Füle, ne partage pas complètement l’analyse du ministre des affaires étrangères. M. Stefan Füle, originaire de la République Tchèque, a indiqué qu’il ne suff it de signer un traité pour que les choses fonctionnent, il faut des réformes structurelles profondes.
En d’autre terme, si l’Algérie n’a pas tiré prof it de l’accord d’association, c’est parce que les réformes structurelles n’ont pas été menées. Résultats : cinq années après son entrée en vigueur, l’accord d’association Algérie-Union européenne n’a pas eu l’effet escompté, celui de booster les exportations algériennes hors hydrocarbures et d’attirer des investissements directs productifs.
Les experts qui ont procédé à l’évaluation préliminaire de la mise en oeuvre de l’Accord, estiment qu’il y a un manque d’appropriation de l’accord d’association. D’un côté, l’Algérie subit son ouverture, de l’autre côté, l’Union européenne ne donne pas l’impression que l’accord d’association soit tellement stratégique.
En matière de déséquilibre des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Union européenne, décrié par notre pays, les premières conclusions des experts soulèvent plusieurs questionnements.
Alors que le démantèlement tarifaire est perçu comme responsable des déséquilibres commerciaux de l’Algérie, les experts de l’UE aff irment «qu’aucun impact sur les flux d’échanges n’a pu être mis en évidence». Alors que l’Algérie pense le contraire, aff irmant que la balance commerciale hors hydrocarbures reste «très déséquilibrée ». Pour 1 dollar exporté vers l’UE, l’Algérie importe pour 20 dollars.
Les Autorités algériennes ont indiqué que les importations algériennes auprès de l’UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,8 milliards de dollars en 2008. L’évaluation faite par les experts montre, là aussi, le contraire. « Globalement la part de l’UE dans les importations de l’Algérie a régressé passant de 57,4% en 2002 à 51,9 en 2007 au bénéf ice de la Chine dont la part de marché a sensiblement augmenté » ontils relevé.
Pour eux, le déséquilibre des flux commerciaux observé s’explique par la surconsommation de l’Algérie. Il s’agit donc d’un problème de demande intérieure.
La demande domestique, en l’absence d’une flexibilité à la baisse des prix domestiques, est le principal facteur qui gouverne les importations de l’Algérie, depuis l’entrée en vigueur de l’Accord d’association. Les experts de l’UE reconnaissent que les investissements européens sont peu importants et de petite taille en comparaison par exemple avec les investissements des pays arabes.
«C’est le point faible de l’Accord d’association, bien que la dynamique des investissements ne réagisse pas à un cadre institutionnel, mais à des facteurs d’attractivité économique qui renvoient à la restructuration de l’industrie et des services», soulignent les experts européens, relevant «l’ambivalence des messages envoyés aux opérateurs économiques étrangers».
«Le système de réforme mis en place par les Autorités algériennes depuis les années 2000 est complexe et ambitieux mais sa lisibilité externe n’est pas assurée car de nombreuses réformes reflètent des ambiguïtés stratégiques » estiment les experts. Pour autant le ministre des Affaires étrangères.
M. Mourad Medelci a indiqué que l’Algérie et l’UE sont animées d’une volonté politique et d’une envie de trouver des solutions «équilibrées » et « intelligentes » à leurs problèmes. « Nous allons aborder toutes les questions.
Les volets économiques sont au coeur de nos préoccupations, pas seulement dans une vision commerciale, mais qui intègre les investissements, le transfert de technologie, qui donne à nos relations avec l’union européenne ce caractère stratégique » a indiqué M. Mourad Medelci en évoquant la réunion du Conseil d’association Algérie – Union européenne, prévue le 15 juin prochain au Luxembourg qui sera, essentiellement consacrée à l’évaluation de la mise en oeuvre de l’Accord d’association.
Kezoul L.