L’extrême droite française, en mal de polémiques, a une nouvelle fois pointé du doigt l’Algérie. Accusée de profiter d’aides françaises et de ne pas respecter certains accords bilatéraux, l’Algérie est devenue la cible d’un discours fallacieux relayé par Bruno Retailleau et d’autres figures politiques françaises. Pourtant, cette rhétorique oublie un fait essentiel : si un pays tire largement profit des relations bilatérales, c’est bien la France.
La semaine dernière, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet, afin d’aborder une question longtemps évacuée par Paris : l’occupation par la France de biens immobiliers en Algérie à des conditions avantageuses.
Selon l’Agence de presse algérienne (APS), ce sont 61 biens immobiliers qui sont utilisés par la France sur le territoire algérien, moyennant des loyers symboliques. Parmi eux, le siège de l’ambassade de France à Alger, qui s’étend sur 14 hectares, est loué à un prix si faible qu’il ne couvrirait même pas le loyer d’une petite chambre à Paris.
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Encore plus frappant, la résidence de l’ambassadeur français, connue sous le nom de « Les Oliviers », bénéficie d’un loyer au franc symbolique depuis 1962. Une générosité que Paris ne semble pas prêt à réciproquer en faveur de l’Algérie sur son propre territoire.
Des accords bilatéraux favorables à la France
Outre les facilités immobilières, plusieurs accords entre les deux pays donnent un avantage certain à la France. L’exemple le plus éloquent est celui de l’accord de 1968, qui régit le statut des Algériens en France et leur confère un régime migratoire particulier. Si Paris dénonce régulièrement cet accord, elle oublie de mentionner les bénéfices tirés de la main-d’œuvre algérienne, qui a largement contribué à la reconstruction et à la prospérité économique française.
L’accord de 1994, quant à lui, régit plusieurs aspects de la coopération commerciale et des investissements. Dans la pratique, il a surtout permis aux entreprises françaises d’obtenir des conditions très avantageuses pour opérer en Algérie, alors que les opportunités pour les entreprises algériennes en France restent limitées.
Vers une remise à plat des relations algéro-françaises ?
Si la France veut ouvrir le débat sur la réciprocité et le respect des engagements signés, l’Algérie semble prête à y répondre. Qui, de l’Algérie ou de la France, a réellement profité des traités passés ? Qui ne respecte pas les engagements pris ?
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Les faits, chiffrés et vérifiables, montrent que l’Algérie n’a jamais été le principal bénéficiaire de cette relation. La France, depuis des décennies, a su tirer avantage de chaque accord. Il est temps de mettre un terme aux discours fallacieux et de remettre les faits en lumière : si des comptes doivent être rendus, c’est à la France de commencer.
En résumé
- Contrairement aux accusations de l’extrême droite française envers l’Algérie, une analyse approfondie révèle que la France est la principale bénéficiaire des relations bilatérales entre les deux pays.
- Un point de tension majeur concerne l’occupation immobilière française en Algérie. Le ministère algérien des Affaires étrangères a récemment convoqué l’ambassadeur français pour discuter des 61 biens immobiliers utilisés par la France à des loyers symboliques. L’exemple le plus frappant est l’ambassade de France à Alger, s’étendant sur 14 hectares, louée pour une somme dérisoire.
- Les accords bilatéraux signés depuis l’indépendance favorisent largement la France. L’accord de 1968 sur l’immigration algérienne, souvent critiqué par Paris, a pourtant permis à la France de bénéficier d’une main-d’œuvre précieuse pour sa reconstruction. De même, l’accord commercial de 1994 offre des avantages considérables aux entreprises françaises opérant en Algérie.
- Face à ces réalités, l’Algérie appelle à une remise à plat des relations bilatérales et à une plus grande équité dans les accords. Les faits démontrent que la France a systématiquement tiré profit de ces arrangements, contrairement aux discours politiques actuels.