De Montréal : Yahia Arkat
Ils ont surtout dénoncé le bradage des ressources naturelles du pays et appelé au retrait du controversé projet de loi sur les hydrocarbures.
L’adoption en Conseil des ministres, dimanche, du nouveau projet de loi sur les hydrocarbures semble avoir mobilisé davantage les Algériens du Canada qui ont été nombreux à participer à la manifestation dominicale, la 34e du genre. Alors qu’à Alger, le pouvoir s’affairait à adopter dans la précipitation une nouvelle loi sur les hydrocarbures, en dépit du rejet par le peuple d’une telle perspective, la diaspora algérienne au Canada criait sa colère devant ce “bradage” des richesses du pays. “L’Algérie n’est pas à vendre”, “Klitou lebled ya sarrakine” (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs), scande la foule qui a envahi bien avant 11h la place du Canada, au centre-ville de Montréal. Outre ces tirs croisés sur un projet de loi qui risque de porter atteinte à la souveraineté nationale, les revendications habituelles du hirak ont été réitérées avec force par les manifestants qui ont déployé une forêt de drapeaux (national et amazigh). Ainsi ont-ils réaffirmé leur refus de l’élection présidentielle du 12 décembre, non sans exiger l’instauration d’une période de transition démocratique qui passerait nécessairement par le départ des figures du système, lesquelles sont encore à la manœuvre, en toute illégalité et en toute illégitimité. “Système dégage”, “L’armée dans les casernes”, “Non à la mascarade électorale du 12 décembre”, lit-on sur certaines pancartes brandies par les manifestants. Les détenus d’opinion n’ont pas été oubliés par les Algériens du Canada. Leurs portraits trônaient dans le ciel de Montréal comme des héros de la révolution populaire. “Libérez les détenus politiques”, intime une pancarte portée par une jeune fille. Les chants engagés du hirak sont amplifiés par la sonorisation. La position du Canada, qui dit soutenir la démocratie en Algérie, est saluée par les manifestants qui comptent interpeller encore une fois Ottawa après les élections législatives du 21 octobre. “Nous allons interpeller le prochain gouvernement fédéral sur la violation des droits humains et la répression des libertés démocratiques en Algérie”, soutient un activiste du hirak. D’ailleurs, cet aspect prospectif de la révolution populaire a été évoqué lors du Forum des Algériens à Montréal qui a tenu son assemblée bimensuelle après le rassemblement de contestation. Toujours est-il que les manifestants ne veulent pas lâcher prise. Pour eux, le combat doit continuer tant que les restes de la “îssaba” sont encore au pouvoir et s’apprêtent à brader les richesses du peuple algérien. Et en écho au peuple qui manifeste chaque vendredi, les Algériens du Canada font la promesse que cette “loi antinationale” ne passera pas : Qassaman !