L’addiction aux écrans des téléphones portables, des tablettes et des téléviseurs est aujourd’hui, un vrai fléau qui n’épargne ni les adultes, ni les enfants. Ce que les experts qualifient de «très alarmant» a, en effet, un impact négatif sur la santé physique des enfants mais aussi sur leur psychique.
Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Insistant sur l’importance du besoin relationnel et affectif de l’enfant, Mme Zahra Lakaksa, formatrice en parentalité et consommation, est affirmative : «L’écran ne satisfait pas les besoins affectifs de l’enfant.»
Elle explique que l’enfant se développe par expérimentation et qu’il a besoin d’essayer pour apprendre. «Comment alors un téléviseur ou un autre écran va substituer à ce besoin de
l’enfant ?», s’interroge-t-elle, hier, au forum du quotidien El Moudjahid à Alger.
Selon elle, l’utilisation ou pas des écrans a un impact sur le développement de la personnalité naissante de l’enfant. «L’enfant a besoin de développer ses sens pour devenir soit un adulte et un acteur actif d’une société citoyenne, soit un consommateur, de développer son sens de responsabilité ou bien devenir une victime, de développer sa confiance et de s’affirmer ou bien d’être soumis», détaille-t-elle.
Pour le président de l’association «Attention danger, formons, informons» de France, Karim Naït Medjani, l’écran est devenu, aujourd’hui, un objet qui détruit au lieu d’un objet qui construit.
Opticien de formation, il précise que la lumière bleue que dégagent les écrans des téléphones portables, des tablettes et des téléviseurs stimule des hormones chez l’humain et empêche en premier lieu le sommeil.
Selon lui, les images stroboscopiques diffusées sur ces écrans dérèglent le système visuel et met l’enfant dans un état de sidération.
Notons la différence des sensibilités entre les garçons et les filles, il souligne que les deux n’ont pas le même comportement face à la réception des images et des sons. «Devant ces images rapides et bruyantes, le garçon ne va pas bouger devant l’écran alors que la fille, elle, au bout d’un temps, va chercher le contact humain», explique-t-il.
Karim Naït Medjani affirme ainsi que l’addiction à ces écrans bloque le développement de l’enfant, stagne son imagination et réduit sa relation avec d’autres enfants. Pourtant, poursuit-il, «les professionnels préconisent qu’aucun enfant ne doit être soumis à écran avant sept ans, l’âge où l’apprentissage de la langue a été accompli».
De son côté, le psychologue clinicien et chef de service médicopédagogique à la DAS (Direction des affaires sociales) de Bouira, Lounès Lallem, qualifie ce constat de «très alarmant».
«Face à l’écran, l’enfant est en rupture avec ses parents et passe à côté de ses activités ludiques», dit-il, avant d’ajouter que l’exposition prolongée aux écrans de tous ces appareils électroniques endommage les modalités neurocérébrales de l’enfant.
Pour lui, l’écran est nuisible avant l’âge de cinq ans. «L’enfant peut développer des difficultés de langage de comportement, et ne pas réagir ni aux consignes ni quand on l’appelle», dit-il.
Outre les défaillances visuelles et auditives, les écrans peuvent aussi provoquer un autisme. Les intervenants mettent, ainsi, en garde contre cet autisme acquis à cause de l’environnement. «L’enfant exposé aux écrans peut ainsi présenter les mêmes symptômes d’autisme entre troubles de conduite sociale, isolement et agressivité», explique le psychologue clinicien. Seulement, poursuit-il, «à l’arrêt de l’utilisation des écrans, un changement spectaculaire se produit et les symptômes disparaissent».
Ry. N.