Ce n’est pas la première fois que le nouveau régime tunisien s’engage de façon impromptue dans des initiatives sans même en connaître les données et les objectifs latents.
Après avoir confirmé, le 3 octobre dernier, que son pays avait rejoint la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a confirmé l’information de l’Arabie saoudite qui a annoncé la formation d’une coalition islamique militaire antiterroriste composée de 34 pays, dont la Tunisie.
Cette coalition présidée par l’Arabie saoudite, doit être dotée d’un centre de commandement basé à Riyadh, pour «la coordination et le soutien des opérations militaires de lutte contre le terrorisme et permettra de développer les programmes nécessaires pour soutenir ces efforts», indique Riyadh qui ajoute que les mécanismes appropriés sont mis en place pour permettre la coordination avec les nations amies ainsi qu’avec les organismes internationaux.
Parmi les pays membres de cette coalition, on trouve la Jordanie, les Emirats arabes unis, le Pakistan, le Bahreïn, la Turquie, l’Egypte, le Sénégal, le Qatar, la Libye, le Maroc. L’Arabie saoudite affirme que 10 autres pays islamiques ont exprimé leur soutien à cette alliance et prendront les mesures nécessaires à cet égard. Le fait est que cette «adhésion» spontanée suscite des interrogations quant à ses tenants et ses aboutissants. Ce n’est pas la première fois que le nouveau régime tunisien s’engage de façon impromptue dans des initiatives sans même en connaître les données et les objectifs latents. Ainsi, outre l’adhésion, il y a quelques mois, à la coalition internationale embarquée contre Daesh en Syrie et en Irak, Tunis s’est illustré par des attitudes qui pourraient être considérées comme déloyales, si ce n’est la volonté algérienne de sauvegarder une amitié et une fraternité que les défunts présidents Chadli et Bourguiba avaient voulues de toutes leurs forces.
Après avoir tu le voyage de Beji Caïd Essebsi aux Etats-Unis et son aval pressenti pour l’installation d’une base militaire, en définitive devenue un avant-poste pour des drones destinés à frapper l’EI en Libye, le gouvernement tunisien multiplie les impairs tout en jurant, la main sur le coeur, oeuvrer pour le renforcement de la coopération bilatérale.
Or, cette coopération implique, a priori, une confiance et une transparence à toute épreuve, ce qui ne semble pas être le cas du régime actuel. Maladresse, manque de discernement ou duplicité, la répétition en quelques mois à peine de ces actes manqués interpelle la diplomatie algérienne qui se pose, en toute légitimité, la question de savoir si les dirigeants tunisiens sont aussi limpides qu’ils le prétendent.