Adulé par les russes, il surprend ses amis et agace les occidentaux, Poutine : le nouveau tsar de Moscou

Adulé par les russes, il surprend ses amis et agace les occidentaux, Poutine : le nouveau tsar de Moscou

«Et subitement je n’avais plus de pays! C’était un sentiment inexplicable, une déchirure indicible», raconte Nicolas Soukhov, ex-attaché culturel à l’ambassade de l’ex-Urss en Libye.

«On a tenté l’indépendance et cela n’a pas marché, pendant longtemps on nous a fait miroiter un Etat islamique et on s’est entre-tués. Tout cela est du passé, on a enterré nos morts, on a fait notre deuil et on a choisi notre camp et notre camp c’est la Russie», témoigne Turco, un jeune Tchétchène venu assister au Forum des journalistes des pays musulmans contre l’extrémisme, qui s’est déroulé du 8 au 9 décembre derniers à Moscou. «Le président Poutine nous a tendu la main et on fait la paix. Aujourd’hui la Tchétchénie est la partie la plus prospère de la Fédération de Russie», ajoute Turco exhibant fièrement sur portable des photos d’immeubles modernes. En Tchétchénie, comme chez l’écrasante majorité des Russes, le président Vladimir Poutine est adulé. Il surprend ses amis, étonne ses proches et agace les Occidentaux qui ont tendance à passer sous silence les avancées de la Russie.

Le géant slave revient de très loin après avoir fait son deuil du communisme. Avec le démantèlement de l’Urss au début des années 1990, c’est la faillite totale de la Russie et des républiques qui en sont issues après le démembrement. «Je travaillais à l’ambassade de l’Urss en Libye et en 1990 je devais rentrer au pays…mais quel pays, je me rends compte que du jour au lendemain je n’avais plus de pays. C’était un sentiment terrible, une déchirure interne indicible», raconte Nicolas Soukhov, ex-attaché culturel à l’ambassade de l’ex-Urss en Libye. Terrassé par une douloureuse crise politique, économique et sociale, la Russie était en fallite totale, elle avait atteint le fond.

Le pays était dirigé par un alcoolique, un certain Boris Eltsine qui a livré la Russie, toute la Russie à une meute d’oligarques.

Boris Berizovski, un juif russe guidait Eltsine par le nez, il s’ingérait dans toutes les décisions politiques, Goussinski régnait sur les médias, Solenski dirigeait l’économie et d’autres encore… «J’étais père d’une famille de trois enfants, il fallait trouver de la nourriture et c’était difficile au milieu des années 1990. Il y avait chaque jour des morts à cause de la nourriture, on nous distribuait des bons et il y avait des chaînes immenses partout et les magasins étaient sinistrement vides», se souvient Nicolas. C’est de cette ambiance de désastre que surgit, du néant, un certain Vladimir Poutine jusque-là inconnu au bataillon des oligarques. Poutine avait comme pari de redonner foi en l’avenir à un peuple éprouvé par la disette et sevré par l’autarcie intellectuelle.

La Russie se redresse, elle se replace sur le grand échiquier mondial.

La virilité médiatisée de cet ex-agent du KGB, le judoka de haut niveau, ce «Rambo moscovite» présente l’image d’une Russie requinquée et qui a effacé l’humiliation des années 1990.

Poutine signe un retour fracassant sur la scène internationale. Sans concession, il dénonce les interventions militaires de l’Otan hors mandat de l’Organisation des Nations unies (ONU). Il rappelait que «la Charte de l’ONU est l’unique mécanisme d’adoption de décisions sur l’emploi de la force en tant que dernier recours» et que «les actions unilatérales, souvent illégitimes, n’ont réglé aucun problème». Alors que les Américains n’arrivent pas à résoudre la crise syrienne, et que les Français se noient entre les désirs de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères obsédé par le départ de Bachar Al Assad et le revirement de François Hollande, le nouveau tsar de la Sainte-Russie dicte sa loi. Intransigeant sur l’affaire de la Crimée qui a fini par rejoindre le giron de la Russie en mars 2014, les positions tranchées du locataire du Kremlin forcent le respect.

Poutine a commis le péché majeur de s’écarter du dogme démocratique à l’occidental. Mais cette démocratie dont se gargarisent les Occidentaux est-elle vraiment adaptée à un pays comme la Russie? Poutine s’est détaché du troupeau en refusant d’être un mouton de Panurge et il le crie fort dans la crise syrienne. Car, au fait, pourquoi les Ooccidentaux bombardent-ils en Syrie? Pour défendre les principes humanitaires? Il est permis d’en douter quand au moins trois pays de l’Alliance continuent de pratiquer la lapidation et la décapitation, dont le Qatar, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Pour défendre la liberté religieuse? L’Arabie saoudite vient de condamner à mort un poète palestinien pour apostasie. Empêcher les massacres de civils? Quelle farce criera l’opinion arabe qui a assisté au silence complice de ces mêmes Occidentaux quand l’armée israélienne cassait du Ghazaoui. 1900 morts dont 300 enfants n’ont pas suscité l’ire de la coalition. Pour endiguer le phénomène des migrants? Zut, mais pourquoi donc les richissimes monarchies du Golfe n’ont pas accueilli l’ombre d’un Syrien?