Les scandales de corruption et d’octroi de marchés publics de manières frauduleuses n’en finissent pas. Une nouvelle affaire concernant la distribution de l’eau vient d’être dévoilée, selon les termes d’une enquête menée dernièrement par la gendarmerie nationale.
Il s’agit de dizaine de projets de distribution de l’eau accordés au groupe Amenhyd et ses propriétaires les frères Chelghoum. L’enquête menée depuis avril 2019 par la Police judiciaire, relevant de la section de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab Jdid (Alger), dévoile de graves dépassements.
Selon les résultats de cette enquête cités par le quotidien Echorouk, ce groupe spécialisé dans les secteurs de l’hydraulique, de l’aménagement, de l’environnement, de l’engineering et des travaux publics, avait pris le monopole de tous les projets de distribution de l’eau.
En effet, ce groupe appartenant aux frères Chelghoum, placé sous mandat de dépôt fin août 2019, avait obtenu pas moins de 28 projets sous la procédure d’attribution de marché au gré à gré. La plupart de ces projets n’avaient pas été concrétisés à ce jour, selon l’enquête.
25 marchés accordés en 4 ans d’une valeur de 7200 milliards de centimes
Dans les détails, le dossier de l’affaire qui se trouve au niveau du pôle pénal et financier du tribunal de Sidi M’hamed fait état d’irrégularités flagrantes dans l’octroi du foncier et des marchés à ce groupe, par le ministère des Ressources en eau.
Amenhyd a bénéficié d’au moins de 28 marchés, dont 25 entre 2012 et 2016. 16 marchés ont été accordés par l’Algérienne des eaux (ADE) et 12 autres marchés par l’Office national de l’irrigation et du drainage (ONID). La valeur financière totale de l’ensemble de ces marchés s’élève à 72004272343.04 DA, ce qui équivaut à 7200 milliards de centimes.
Plusieurs avenants et rallonges financières ont été également accordés dans le cadre de ces projets. Ce qui a porté la valeur totale des projets à 87598494547,99 DZD, soit 8760 milliards de centimes. Ainsi, le taux d’augmentation s’est élevé à 17,80% de la valeur initiale de ces projets, soit des rallonges financières d’environ 1560 milliards de centimes.
En outre, les délais de réalisation avaient également été prolongés parfois en double, ce qui a provoqué des retards importants dans la réception de ces projets sans justification valable.
3 grands projets accordés au gré à gré d’une valeur de 1667 milliards de centimes
Cela dit, il convient de noter que les travaux se limitaient à seulement à des réseaux de distribution, des stations de traitement pour les barrages d’eau potable et des systèmes automatisés de contrôle et de modernisation de certains projets déjà réalisés.
En plus de cela, cette société a pu obtenir 3 grands projets au gré à gré durant les années 2012, 2013 et 2014, dont la valeur financière s’élevait à 1667 milliards de centimes. L’octroi de ces projets au gré à gré avait été justifié par le caractère urgent.
Cependant, l’examen des délais accordés dans les avenants, l’arrêt des travaux et leur non-achèvement réfutent clairement le caractère de l’urgence, sur lequel est basé l’octroi de ces projets au gré à gré.
Plusieurs anciens ministres et hauts responsables sont également cités dans cette affaire. Il s’agit de l’ancien premier ministre Abdelmalek Sellal, l’ancien ministre des Ressources en eau Hocine Nacib, l’ancien ministre des Sports Mohamed Hatab, d’anciens walis ainsi que plusieurs autres anciens cadres.