Arrivée en France le lundi 6 février 2023, la militante et opposante politique et journaliste franco-algérienne, Amira Bouraoui aura réussi à créer de nouvelle tensions dans les relations entre la France et l’Algérie. Cette dernière a d’abord été interpellée en Tunisie, le 3 février dernier à l’aéroport alors qu’elle souhaitait embarquer pour la France et risquait une expulsion vers l’Algérie, où elle aurait dû purger une peine de deux ans de prison. La journaliste et opposante algérienne Amira Bouraoui aura donc échappé à l’extradition vers l’Algérie depuis la Tunisie où elle avait trouvé refuge durant quelques jours.
Après toutes ces turbulences créées, entre le rappel de l’Ambassadeur algérien en France par le Président Tebboune, mais aussi la condamnation du ministère des Affaires Etrangères, et l’annonce de l’ouverture d’une enquête annoncée par Boughali, pour mettre en lumière les dessous de cette affaire, et les accusations de l’APS contre la DGSE française, Amira Bouraoui, qui se trouve en France a choisi de sortir de son mutisme, en intervenant sur la chaine TV5 Monde dans l’émission « Grand Angle » animée par Mohamed Kaci.
En effet, hier la militante a pris la parole pour la première fois sur un média, le journaliste commence par l’interroger sur la raison qui l’a poussé à quitter l’Algérie, cette dernière estimant que l’ISTN dont elle fait l’objet en Algérie est illégale, en justifiant cela avec la constitution algérienne. Elle continue en précisant qu’elle a tenté de lever cette interdiction de quitter le territoire de manière légale sans que cela n’aboutisse, en faisant plusieurs courriers à des procureurs via ses avocats, courriers restés sans réponses.
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Amira relate la manière avec laquelle elle a quitté l’Algérie vers la Tunisie
A partir de ces réponse, Mohamed Kaci enchaine en l’interrogeant sur la manière avec laquelle Amira Bouraoui a pu quitter le territoire algérien, pour aller en Tunisie. La militante, répond qu’elle a tout simplement passer la frontière algéro-tunisienne (Oum Taboul), en voiture via, précisant que personne ne l’aurait aidé à passer les frontières comme cela est dit dans plusieurs médias algériens. Elle cite Mustapha Bendjama, rédacteur chef du journal Le Provencial à Annaba, qui a été arrêté de son lieu de travail le 8 février 2023, durant l’après-midi. Elle dément donc une quelconque aide pour passer les frontières entre l’Algérie et la Tunisie.
Arrivant en Tunisie, Amira Bouraoui, raconte avoir acheté un billet d’avion Tunis – Paris, elle se fait arrêtée à l’aéroport de Tunis, car n’ayant pas de preuve de son passage de la frontière algéro-tunisienne, ou elle est restée 3 jours en détention, avant de passer devant le juge.
Le journaliste enchaine en posant la question à Bouraoui, comment vous vous êtes retrouvée en France ? et ce que la France l’a aidé pour cela ? La militante réfute catégoriquement toute aide de la France, pour son passage de la Tunisie vers la France, démentant les rumeurs qui disent que le consul de France l’aurait exfiltrée, expliquant que ce dernier n’aurait intervenu qu’après qu’elle soit passée devant le juge après les 3 jours de détention, ou la juge l’a remise en liberté, ou on lui a remis son passeport. Amira Bouraoui, continue en affirmant avoir été kidnappée à sa sortie du tribunal par deux agents qui lui auraient confisqué son passeport, et enfermé au niveau du poste de frontière entre l’Algérie et la Tunisie, ce qu’elle qualifie de séquestration aura selon elle duré des heures.
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Amira Bouraoui explique l’intervention du Consul de France en Tunisie
Le journaliste de TV5 Monde, interroge Bouraoui sur l’intervention de la France pour être arrivée en France. La militante explique, qu’après cet enlèvement et séquestration, son avocat choisit d’alerter la presse, et c’est à partir de ce moment que le consul de France en Tunisie décide d’intervenir.
De par-là, Mohamed Kaci qui affirme que cette affaire prend de grosses proportions, lui demande ce qu’elle répond au fait que la France soit accusée par l’Algérie d’exfiltration clandestine. Amira Bouraoui sans aucune hésitation affirme que non, expliquant que le consul n’est intervenu qu’à partir de moment où elle a été kidnappée et séquestrée, ce qui a aidé à la libérer, et c’est à partir de cela que la Tunisie l’a autorisé à voyager.
Bouraoui évoque l’emprisonnement d’Ihsane el Kadi et de nombreux autres militants en Algérie
Le journaliste qui rappelle qu’Alger a rappelé son ambassadeur en France, et que la Tunisie a limogé son ministre des Affaires Etrangères, demande à la militante et opposante si elle assume tout ce qui se passe autour de son passage en France via la Tunisie et des proportions que cela prend. Amira Bouraoui, affirme qu’elle subissait énormément de pressions en Algérie, mentionnant que selon elle la goutte qui a fait déborder le vase est l’emprisonnement de Kadi El Ihsane, directeur de Radio M, ou cette dernière présentait l’émission politique « Café presse », ajoutant qu’elle aurait peut-être du emprunter une embarcation de fortune, pour éviter d’être derrière toute cette crise diplomatique, qui selon elle n’a pas lieu d’être.
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Mohamed Kaci, rappelle à Amira Bouraoui qu’elle a commis deux infractions, celle de quitter l’Algérie illégalement et celle de rentrer clandestinement en Tunisie, il l’interroge donc sur ce qui l’a poussé à faire cela et ce qui lui faisait peur. Elle rappelle que cela fait des années qu’elle vit d’énormes pressions, et qu’elle trainait de nombreux procès, rappelant aussi qu’elle est opposante depuis des années, et que tout ce climat l’a poussé à prendre la décision de quitter l’Algérie.
Le journaliste enchaine en disant que les Algériens affirment que les opposants en Algérie dès qu’ils se sentent en danger brandissent le drapeau français. Amira répond à cela en informant qu’elle détient la nationalité depuis des années et ce après un mariage mixte, une relation durant laquelle elles a eu deux enfants.
Amira Bouraoui appelle à l’apaisement
Par ailleurs, Mohamed Kaci interroge Amira Bouraoui sur son statut, si elle se considère comme une exilée ou une fugitive, et si elle compte un jour rentrer en Algérie ? La militante répond qu’elle espère pouvoir rentrer en Algérie un jour, affirmant que ça reste son pays, mais qu’en France aussi elle est chez elle, et qu’elle a toujours espéré que toutes ces pressions subies par les militants soient levées. Bouraoui précise aussi que de nombreux militants sont encore derrière les barreaux en Algérie, parfois pour de simples publications Facebook.
Pour conclure le journaliste de TV5 Monde, demande à Bouraoui si elle appelle à l’apaisement face à cette affaire. Amira Bouraoui, appelle à ce que cela se tasse, affirmant que beaucoup l’utilisent pour répandre des rumeurs, mais aussi que tout cela prend des proportions qu’elle qualifie de ridicules, alors que cela devrait relever comme elle l’a dit du « fait divers ».
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