L’affaire des mandats d’arrêt, lancés en 2018 contre l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil et des membres de sa famille, vient de livrer de nouvelles révélations. Les dessous de l’annulation de ces mandats ont été livrés par le frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Lors de son audition, Saïd Bouteflika, ex-conseiller et frère de l’ancien président, a reconnu que les ordres de l’annulation des mandats d’arrêt lancés contre Chakib Khelil et des membres de sa famille ont émanés du président lui-même. En révélant cela, Saïd Bouteflika a tenu à nier toutes les accusations portées à son encontre dans le cadre de cette affaire.
En effet, selon le procès-verbal d’audition N° 15/2019 et l’enquête N° 06/2019, menés le 17 juin 2020 et cités par le quotidien arabophone Echorouk, le conseiller instructeur a tenu à rappeler à Saïd Bouteflika la chronologie des faits liés à l’annulation des mandats d’arrêt lancés contre Khellil et des membres de sa famille.
Les appels téléphoniques entre le trio Bouteflika, Louh et Khelil
« Des membres de la famille Khelil sont entrés en Algérie sans l’exécution des mandats d’arrêt internationaux lancés à leur encontre, après coordination entre vous, Chakib Khalil, et l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, comme l’indique le tableau des contacts téléphoniques lors de la période de leurs entrées et sorties vers et depuis l’Algérie », a-t-il déclaré à l’adresse de l’accusé.
Il convient de noter que les appels téléphoniques tenus entre les trois mis en cause ; Chakib Khelil, Tayeb Louh et Saïd Bouteflika ont eu lieu entre le 27 mars 2018 et le 15 avril 2018, soit avant que Nadjat Arafat, l’épouse de Chakib Khalil, n’entre dans le territoire national.
Le conseiller instructeur a donc déduit que le frère de l’ancien président assurait la liaison entre Chakib Khelil et Tayeb Louh pour organiser l’annulation des mandats d’arrêt internationaux émis contre les membres de l’armée de Chakib Khalil.
C’est le président qui a ordonné à Tayeb Louh d’annuler les mandats d’arrêt »
« Cela est intervenu à travers les pressions exercées par Tayeb Louh sur les autres accusés cités dans l’affaire, à savoir le juge instructeur Semaoune Sid Ahmed, le procureur de la République Sidi Ahmed El Bey Khaled », lance encore le magistrat à l’adresse de Saïd Bouteflika.
Sur ce, ce dernier répond alors : « C’est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a ordonné à Tayeb Louh d’annuler les mandats d’arrêt émis contre Chakib Khelil et des membres de sa famille ». Et de continuer : « Il m’avait également ordonné de coordonner entre eux afin de l’informer sur les développements dans l’affaire ».
« Mes contacts avec Chakib Khelil et Tayeb Louh n’étaient pas pour donner des instructions directes. Je cherchais à obtenir les développements du dossier pour informer le Président de la République et rien de plus », a-t-il encore ajouté.
À noter que Saïd Bouteflika est accusé de participation à l’abus de fonction, d’entrave au bon déroulement de la justice.