Affaire DGSN-ABM : le colonel Oultache et ses comparses réfutent les accusations

Affaire DGSN-ABM : le colonel Oultache et ses comparses réfutent les accusations

Le procès en appel de l’affaire DGSN-ABM s’est ouvert avant-hier après avoir été reporté trois fois. Pas moins de vingt-cinq cadres de la DGSN et deux responsables de la société «Algerian Business MultiMedia» (ABM), comparaissaient devant le juge de la 2e Chambre correctionnelle près la Cour de Boumerdès.

Les accusés, dont Oultache Chouaïb principal accusé et ex-chef de l’Unité aérienne de la DGSN, sont poursuivis, dans cette affaire, pour les chefs d’inculpation de «dilapidation de deniers publics », « passation de marchés publics en violation de la législation », « trafic d’influence », faux et usage de faux », « implication dans la dilapidation et négligence manifeste, ayant mené à déperdition de fonds publics », selon l’acte de renvoi du tribunal, le principal accusé, en l’occurrence Oultache, qui était le premier à être interrogé par le juge Kouadri, a nié toutes les accusations portées contre lui, et n’a cessé de répéter qu’il a accompli sa mission dans les normes, y compris les autres membres de la commission.

« Nous n’avons fait que remplir les prérogatives qui nous ont été assignées, en accomplissant avec toute la loyauté le programme de modernisation du corps de la Sûreté nationale », a déclaré Oultache au juge qui l’a interrogé sur l’objectif recherché, en présidant la commission technique, chargée de la modernisation du secteur sans qu’il soit nommé officiellement «sans document officiel l’attestant».

«C’est l’ex-DG de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, qui m’a désigné, verbalement, et cela après avoir reconnu ma compétence et constaté le bon travail effectué, notamment lors de l’acquisition d’hélicoptères avec cameras », a-t-il affirmé. Pour rappel, Oultache est poursuivi pour «dilapidation de deniers publics», «passation de marchés publics en violation de la législation» et «trafic d’influence». Il a été condamné à 7 ans, puis à 5 ans de prison ferme en 2e instance par le Tribunal d’Alger.

La justice lui reproche d’avoir exercé, en 2007, son influence en favorisant l’entreprise ABM, dont l’un des associés, Toufik Sator est son gendre, pour la fourniture d’équipements informatiques à la DGSN. Il a réfuté cette accusation en jurant qu’il n’a jamais connu le P-DG de l’ABM, et ignoré que son gendre était son vice-président. Concernant l’offre rejetée de l’entreprise «Room informatique» pour le même marché, alors que le montant est largement inférieur à celui de l’ABM, Il a justifié sa réponse par le fait que la règle du moins-disant est révolue et que c’est la qualité et la conformité des équipements qui sont importants, en précisant que ceux présentés par les autres entreprises sont loin de répondre aux exigences recherchées.

À une autre question sur les chefs d’inculpation «faux et usage de faux» et «falsification du PV de désignation du président du comité des marchés», l’accusé a répondu que cela relève de l’administration générale et que le travail qu’il a effectué avec les autres membres est légal et conforme à la réglementation. «Même le DGSN, nous a félicités pour le travail accompli», s’est-il défendu, en ajoutant que «la Police judiciaire a tout fait pour fabriquer un dossier contre moi».

Le deuxième accusé dans cette affaire appelé à la barre est Yahiaoui Abdelmadjid, pilote, commissaire divisionnaire et cadre en informatique. Celui-ci a nié, lui aussi, les accusations retenues contre lui. «J’ignorais ma désignation de président de la commission technique de modernisation du corps de la Sûreté nationale, car je n’ai reçu aucun accusé de réception, comme dans de pareils cas», déclare-t-il au juge qui lui présentait la décision. Et d’ajouter, «Moi je ne suis qu’un membre de cette commission, et je n’ai aucun lien avec ABM. Mon rôle se limite à l’évaluation technique des offres.

Je ne suis qu’un consultant et j’ai constaté que les produits présentés par «Room Informatique» ne répondaient pas aux normes et que l’offre présentée par ABM était en conformité avec les critères exigés, raison pour laquelle, elle a été acceptée et approuvée par la commission et confirmée par l’administration, a-t-il expliqué. Le procès de cette affaire qui s’est poursuivi jusqu’à jeudi dans la soirée a vu l’audition des autres accusés. Appelé à la barre, le P-DG d’ABM a, lui aussi, nié les accusations en rappelant que la société ABM n’a conclu que deux marchés avec la DGSN sur les six marchés de cette dernière.

Le premier est un marché de fourniture d’équipements informatiques attribué à ABM, en 2007, suite à un appel d’offres international. Le deuxième a trait à la fourniture de consommables en 2008. Concernant le marché de fourniture d’équipements informatiques attribué en 2007, ABM qui avait soumissionné pour plusieurs lots de ce marché global avec quatre (4) autres fournisseurs, n’a obtenu qu’un seul lot ne représentant que 8% du marché global.

Le marché relatif à la fourniture de consommables, la société ABM n’a été retenue que pour un seul marché de trois contrats et les deux autres marchés ont été attribués à deux autres fournisseurs, et cela représente moins de 2,5% du chiffre d’affaires de l’entreprise, en 2007, pour justifier la légalité du respect des lois en vigueur en matière d’obtention des marchés sans favoritisme ni influence, assurera-t-il. Le procès de cette affaire, qui s’est poursuivi jusqu’à jeudi dans la soirée, a vu l’audition des autres accusés. Il reprendra dimanche avec l’appel des témoins, les plaidoiries de la défense avant le réquisitoire du procureur.

B. Khider