Nouveau rebondissement dans l’affaire de l’influenceur algérien Doualemn Naman, plus connu sous le pseudonyme de « Doualemn ». La justice française a suspendu, ce mercredi 29 janvier, son expulsion vers l’Algérie, estimant que la procédure d’urgence invoquée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’était pas justifiée. Cette décision intervient après un référé-suspension déposé par ses avocats, dénonçant une atteinte aux droits fondamentaux de leur client.
Un dossier explosif sur fond de tensions diplomatiques
L’affaire a débuté le 5 janvier dernier, lorsque Doualemn a été interpellé à Montpellier et placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes. Il lui est reproché des propos appelant à « une sévère correction » des opposants politiques au régime algérien. Le tribunal administratif a reconnu que ces faits constituaient « une menace grave à l’ordre public justifiant une expulsion », mais a critiqué le choix de la procédure d’urgence absolue qui « prive l’étranger de garanties essentielles ».
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Le 9 janvier, Doualemn a été escorté vers l’aéroport et expulsé en Algérie. Cependant, le gouvernement algérien a immédiatement refusé son entrée sur son territoire et l’a renvoyé en France le soir même. Une décision qui a envenimé les relations déjà tendues entre Paris et Alger. Bruno Retailleau a dénoncé une volonté d’« humilier la France » de la part des autorités algériennes, tandis que celles-ci ont rétorqué en évoquant une « campagne de désinformation » orchestrée par Paris.
Une décision judiciaire qui fragilise le gouvernement
Face à cette impasse, la justice a donc choisi de suspendre l’expulsion de Doualemn, infligeant un camouflet au ministère de l’Intérieur. « L’arrêté ministériel d’expulsion a été suspendu par les juges des référés du tribunal administratif de Paris », ont annoncé ses avocates, Julie Gonidec et Marie David-Bellouard. Elles ont dénoncé une instrumentalisation politique de cette affaire, accusant Bruno Retailleau de vouloir « s’affranchir des contraintes minimales de procédure » pour servir son agenda.
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Pour l’instant, Doualemn reste retenu au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), en attendant une éventuelle remise en liberté. Ses avocates comptent déposer une demande en ce sens « dans les plus brefs délais ».
Un contexte politique explosif
Cette affaire s’inscrit dans un climat diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, notamment depuis la prise de position du président Emmanuel Macron en faveur du Maroc sur la question du Sahara occidental. L’expulsion avortée de Doualemn pourrait bien raviver les tensions entre les deux pays et soulever de nouvelles interrogations sur la gestion des expulsions en France.
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Dans les prochains jours, la décision finale sur le sort de Doualemn sera scrutée de près, tant par la classe politique que par l’opinion publique, divisée sur cette affaire hautement sensible.