L’incident du drone malien abattu par l’Algérie continue de susciter des remous diplomatiques, alors que les deux pays ont récemment transmis des courriers au Conseil de sécurité de l’ONU. Sans porter plainte officiellement, Alger et Bamako ont tenu à affirmer leurs positions respectives, dans un climat régional de plus en plus tendu.
L’affaire remonte à la nuit du 31 mars au 1er avril, lorsque les autorités algériennes ont annoncé avoir intercepté et détruit un drone de reconnaissance armé ayant franchi la frontière sud du pays sur environ deux kilomètres. Ce dernier appartenait à l’armée malienne, qui a rapidement reconnu l’appareil comme étant le sien, tout en affirmant qu’il évoluait dans son propre espace aérien.
Cette incursion a été qualifiée par Alger de « violation grave de la souveraineté nationale », tandis que Bamako y voit un « acte d’agression », provoquant une escalade diplomatique inédite entre les deux voisins.
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L’incident a ravivé les tensions au sein de la région sahélienne. En réaction à la destruction de son drone, le Mali, accompagné du Niger et du Burkina Faso – regroupés au sein de la Confédération des États du Sahel (CES) – a décidé de retirer ses ambassadeurs d’Alger. L’Algérie, de son côté, a immédiatement rappelé ses ambassadeurs à Bamako et Niamey, tout en suspendant la nomination d’un nouvel ambassadeur à Ouagadougou.
L’espace aérien algérien a également été fermé à tous les vols en provenance ou à destination du Mali, décision à laquelle Bamako a répondu par une mesure similaire, marquant un point de rupture dans leurs relations bilatérales.
Lettre au Conseil de sécurité, sans plainte officielle
Selon des révélations de Radio France Internationale (RFI), les deux pays ont transmis, chacun de leur côté, des lettres au Conseil de sécurité des Nations unies, datées du 7 avril. Ces documents reprennent les communiqués officiels publiés par les gouvernements respectifs après l’incident.
Cependant, une source diplomatique au sein du Conseil de sécurité a précisé que ces courriers « ne constituent pas des plaintes formelles » au sens juridique. « Il s’agit uniquement de documents envoyés pour information, sans demande explicite d’action ou de réunion », a expliqué la source.
Ce geste symbolique traduit une volonté d’alerter l’ONU tout en évitant d’embraser davantage une situation déjà délicate. Notons que la France préside actuellement le Conseil de sécurité pour le mois d’avril, un élément qui n’est pas anodin dans cette affaire, compte tenu des relations tendues entre Paris, Alger et Bamako.
Une diplomatie prudente sous présidence française
Selon plusieurs observateurs, les deux pays ne souhaitent probablement pas soulever officiellement l’affaire tant que la France assure la présidence du Conseil. « Il est clair que ni Alger ni Bamako ne veulent aborder la question dans un cadre dominé par Paris », confie la source.
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Cette prudence s’explique notamment par les différends historiques et récents entre la France et ses anciens partenaires sahéliens, ainsi qu’avec l’Algérie. En effet, Alger siège au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent durant ce mois d’avril, ce qui pourrait influencer sa stratégie diplomatique dans cette crise.