Le mystère s’épaissit en même temps qu’il s’éclaire… Le président a-t-il pu croiser les deux journalistes du « Monde » lors de leur visite à l’Élysée ?
L’aveu de Jean-Pierre Jouyet sous forme de communiqué dimanche après-midi à l’AFP ne clôt pas cette rocambolesque histoire. D’autres épisodes sont à venir. Une certitude : selon nos informations, les deux journalistes du « Monde », Gérard Davet et Fabrice Lhomme, devraient rendre public en milieu de semaine les enregistrements de leur conversation du 20 septembre avec le toujours secrétaire général de l’Élysée. Cet enregistrement d’une cinquantaine de minutes sera le juge de paix (provisoire) de ce premier volet de l’affaire. Il répondra à une question : qu’a dit exactement Jean-Pierre Jouyet ? Autre certitude, le livre des deux reporters, Sarko s’est tuer (éditions Stock) a été tiré à 46 000 exemplaires et ses ventes flambent déjà. Deux jours après sa sortie, il est numéro deux des ventes d’essais et de documents sur Amazon, juste derrière Le Suicide français, d’Éric Zemmour.
Les rebondissements potentiels sont encore plus intéressants. Jouyet peut-il rester secrétaire général de l’Élysée après avoir été convaincu de mensonge et après qu’il a avoué son forfait ? Réponse dans quelques heures (ou quelques jours). Il y a fort à parier que la révélation de l’ensemble des conversations qu’il a eues avec les auteurs de l’ouvrage le fragilise un peu plus… François Hollande a-t-il « passé une tête » le 20 septembre dans le bureau de son collaborateur et ami pendant que celui-ci recevait les journalistes ? Une source à l’Élysée le dément formellement, une autre dit qu’il « y a de grandes chances ».
Le week-end des journées du patrimoine !
Notons que le week-end des 20 et 21 septembre était consacré aux journées du patrimoine. L’agenda présidentiel rapporte que François Hollande a rencontré samedi à 10 h 30 des responsables d’ONG en vue du sommet des chefs d’État sur le climat et de l’Agnu puis, à 16 heures, les familles des victimes de l’accident de l’avion d’Air Algérie dans un centre de conférence ministériel du 15e arrondissement de Paris.
Le président a également reçu quelques visiteurs venus flâner sous les ors de l’Élysée. Le Point.fr avait également révélé que ce samedi 20 septembre, le chef de l’État avait organisé un déjeuner avec ses chefs de pôle à la Farnesina, un restaurant situé à un jet de pierre du Palais… Bref, le président était à Paris, et a passé le plus clair de son temps à son bureau, rien ne l’empêchait donc de venir saluer deux journalistes qu’il a l’habitude de recevoir et qui écrivent un livre sur lui. Rien ne l’en empêchait, mais à ce stade rien ne le prouve. Voilà sans doute pourquoi Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée, réclame la publication de tout l’entretien et pas seulement de l’extrait pendant lequel Jouyet parle des confidences que lui aurait faites Fillon…
Dernière zone d’ombre, que se sont dit exactement François Fillon et Jean-Pierrre Jouyet lors de leur déjeuner du 24 juin chez Laurent. Le seul témoin, Antoine Gosset-Grainville, est à la fois un « ami » de Jouyet et l’ancien directeur adjoint du cabinet de Fillon à Matignon. Autant dire que l’homme a les « fesses entre deux chaises »… Il sera compliqué de savoir la vraie vérité sur ce déjeuner au centre de toutes les polémiques.
L’ancien Premier ministre a-t-il évoqué les chances de Pierre Moscovici de décrocher un portefeuille important à la Commission de Bruxelles comme il l’a dit à quelques proches ? A-t-il réclamé que l’Élysée fasse accélérer le cours de la justice dans les affaires qui concernent Nicolas Sarkozy ? Cette thèse accréditerait l’idée qu’il y a un cabinet noir – une cellule spéciale – dédié à l’ancien président, au coeur même de la machine de l’État… Bref, une réponse claire sera embarrassante pour tous les participants à ce mystérieux déjeuner…