Après une enquête qui a pris près de deux ans, les premiers éléments ahurissants dans l’affaire de l’ex-directeur de la résidence d’État Hamid Melzi commencent à être révélés, notamment sur son énorme fortune indument amassée durant des années.
Prévu initialement pour la journée d’hier lundi, le procès de l’ancien directeur général de l’établissement public « Sahel », Hamid Melzi, a été reporté au 6 septembre prochain par le juge du pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger. Un report intervenu suite à la demande de ses avocats.
Relevé de ses fonctions le mois d’avril de l’année 2019, l’ancien P-dg des zones Club-des-Pins et Moretti avait été arrêté le 1er mai de la même année. Son mandat de dépôt prononcé une semaine après avait été renouvelé à maintes reprises.
Après deux ans d’enquête, les premiers éléments concernant les faits pour lesquels il est poursuivi commencent à être révélés. Selon des informations rapportées par le quotidien le Soir d’Algérie, à la veille de son arrestation, un premier document officiel révèle déjà de graves griefs de corruption.
Un document de la CPA de Aïn Benian
Il s’agit d’une déclaration de soupçon faite par l’agence CPA de Aïn Benian où le prévenu possédait un compte qui avait été crédité d’un chèque de 79 611 300 DA sans justificatif. Une transaction jugée illégale du fait que le compte en question n’est destiné qu’à recevoir des salaires de sa fonction.
L’enquête menée autour de l’énorme fortune de Melzi a révélé que ses biens répertoriés sont évalués à plus de 700 milliards de centimes. La liste des biens jugés mal acquis est très longue. Il s’agit, selon la même source de six terrains agricoles situés à Cheraga et à Staoueli, huit villas, un appartement à Kouba, un autre logement à Zeralda.
Il s’agit également de plusieurs maisons à Cherchell et Larhat, cinq centres commerciaux, deux villas à Club-des-Pins et Moretti, un restaurant, un appartement à Paris d’une valeur de 160 000 euros, une entreprise d’import-export, Algexim à Paris, ainsi que plusieurs sociétés.
Affaire du marché de réalisation des chalets à Résidence d’État
À côté de la provenance douteuse de ces biens, Hamid Melzi fait également face à la gestion des Résidences d’État de Club-des-Pins et Moretti. Les faits sont liés à l’attribution suspecte de contrats de réalisation à plusieurs sociétés, notamment la réalisation des 380 chalets qui devaient être construits à la Résidence d’État.
Les transactions menées par l’accusé dans le cadre de ces marchés ont causé des pertes de 2 772 920 000 DA au Trésor public. Cette affaire remonte à l’époque où Ahmed Ouyahia occupait le poste du Premier ministre. Melzi l’avait alors saisi lui faisant état du « danger » que représentent les chalets Chadwicks pour leurs occupants et demande leur reconstruction.
Ce dernier avait entériné le choix de la consultation restreinte et la construction en 24 mois, ce qui est jugé illégale d’autant que « cela s’applique que lorsqu’il s’agit d’un projet d’intérêt national et la consultation restreinte ne doit pas dépasser la somme de 8 000 000 DA », indique-t-on encore.
Les enquêteurs ont également mis la main sur des documents accablants qui attestent que Melzi avait favorisé une société chinoise King Young, alors que celle-ci était classée dernière dans la liste de trois sociétés qui avaient postulé pour ce projet.