À l’occasion du 70e jour de détention du journaliste Rabah Kireche, son comité de soutien a organisé, ce dimanche, une conférence de presse au siège du MDS, afin d’éclairer l’opinion publique sur la situation et relever « les dépassements enregistrés dans son dossier ».
Lors de leurs interventions, les avocats du collectif de la défense des détenus d’opinion ont d’emblée dénoncé « l’usage arbitraire de la détention provisoire contre les journalistes et les détenus d’opinion ». Il s’agit entre autres, selon Me Zoubida Assoul, « du harcèlement judiciaire exercé contre le journaliste Mustapha Benjama à Annaba, Saïd Boudour … ».
L’intervenante a également alerté sur « le nombre des détenus d’opinion qui ne cesse d’augmenter chaque semaine ». À ce propos, l’avocate a estimé « qu’il est temps de tirer la sonnette d’alarme sur les vagues d’arrestations qui ont touché toutes les franges de la société ».
Pour sa part l’avocat et militant des droits de l’homme Me Saïd Zahi est revenu sur la manière dont sont promulguées les lois ces derniers mois, qualifiant cela de « diarrhée juridique ». Il a, en effet, indiqué « qu’à défaut de légitimité et pour face au Hirak, les autorités ont tendance à promulguer des lois pour resserrer encore plus l’étau sur les libertés ».
L’avocat a également mis en relief « les disparités entre la Constitution elle-même et l’application des lois sur le terrain ». Ensuite, il a souligné que « le journaliste Rabah Kireche a soulevé une question pour éviter de tomber dans des problèmes encore plus graves, contrairement à ce qui a été retenu contre lui comme chef d’inculpations ». L’avocat s’est interrogé : « où est le discours de haine ? Où est l’atteinte à l’unité nationale dans ce qu’a fait le journaliste Kareche ? ».
Pour Zoubida Assoul, « Rabah Kireche n’a fait que son travail »
En marge de la conférence de presse, Me Zoubida Assoul est revenu, dans une déclaration à Algérie360 sur l’arrestation et la détention du journaliste Rabah Kireche en affirmant que « si l’on se penche sur les faits, Rabah Kareche a fait un article où il a rapporté une manifestation des habitants d’une commune de la wilaya de Tamanrasset suite au nouveau découpage administratif ».
Selon elle, son affaire a ensuite « pris une nouvelle tournure quand le chef de l’État l’avait qualifié de pyromane ». Dans le même sillage, l’avocate indique que « selon l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction, le journaliste devait avoir son procès ce mois-ci, mais le procureur de la République a fait appel à l’ordonnance ».
À ce propos, elle explique que « l’affaire est programmée devant la chambre d’accusation pour le 29 juin. Donc, il faut s’attendre à la programmation de son procès dans un mois ».
Pour la présidente de l’UCP, « Rabah Kareche n’a fait que son métier de journaliste en rapportant une information. L’article 54 de la Constitution stipule, tant dans l’esprit que dans la lettre, que l’obligation d’un journaliste est d’informer l’opinion publique d’une manière professionnelle et impartiale ».
Et c’est ce qu’a fait Rabah Kareche, selon notre interlocutrice ; « il n’a, ni prit position ni donné son avis personnel encore moins fait de commentaire. Il a juste transmis une information sur ce qui s’est passé ».
En outre, Me Assoule affirme que « les chefs d’inculpations retenus contre lui sont intervenus juste pour justifier sa détention préventive ». « Pourtant le code des procédures pénales est clair ; tout prévenu doit être instruit en liberté. Malheureusement, le juge d’instruction a décidé autrement et je pense que c’est une décision beaucoup plus politique notamment après les déclarations du chef de l’État ».
Création d’un Comité de soutien pour le journaliste Rabah Kareche
À l’occasion du 70e jour de détention du journaliste de Liberté, un comité de soutien vient d’être créé « par ses confrères, collègues du journal Liberté et ses avocats ». Dans un communiqué rendu public, le Comité exige « sa libération immédiate et l’annulation de toutes les poursuites à son encontre, ainsi que contre tous les journalistes poursuivis en justice ».
Pour rappel, Rabah Kireche avait été « arrêté et mis sous mandat de dépôt le 18 avril dernier et incarcéré, depuis, à la prison de Tamanrasset ». Officiellement, il est accusé de « diffusion de fausses nouvelles, nuisibles à l’ordre public », d’avoir « porté atteinte à la sécurité et à l’unité nationale » ainsi que d’avoir « utilisé un compte électronique pour diffuser des informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société ».
Dans son communiqué, le nouveau Comité de soutien a souligné que « Rabah Kareche n’a fait qu’exercer son métier de journaliste. Il a, en effet, couvert une manifestation de la population locale qui conteste le nouveau découpage administratif décrété par le président Abdelmadjid Tebboune et écrit deux articles dans le journal Liberté ».