L’affaire de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, concernant les pressions exercées sur les juges, continue de livrer des dessous aussi surprenants les uns que les autres.
Après les révélations de l’ancien conseiller et frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, l’accusant directement d’avoir émis l’ordre d’arrêter les mandats d’arrêt contre Chakib Khelil, c’est autour de l’ancien ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui d’être cité dans l’affaire.
Ce dernier sera, certes de la partie, mais en tant que témoin, selon les éléments de l’enquête rapportés par le quotidien arabophone El Khabar. D’ailleurs, il a failli être inculpé, alors qu’il n’avait que consulté l’ancien garde des Sceaux dans une affaire de famille.
Il s’agit d’une affaire familiale impliquant une famille des connaissances de Noureddine Bedoui qui voulait garder la garde de leur petite fille, réclamée par la famille de son père.
L’affaire remonte à 2017, lorsque la femme (une vieille connaissance de Bedoui) lui aurait demandé, par l’intermédiaire de sa mère, d’intervenir dans une affaire de « garde d’enfant ». Cette femme qui venait de perdre sa fille vivant avec elle voulait garder sa petite fille, réclamée par son père (le mari de sa fille).
L’intervention de Tayeb Louh, et les pressions sur les juges
Le conflit entre ces deux familles grandit alors, suscitant une bagarre qui a entrainé le grand-père de la fille à la prison. Et c’est ici que l’ancien ministre de l’Intérieur a été appelé à intervenir. Il n’a donc rien trouvé que de prendre attache avec le ministre de la Justice Tayeb Louh, selon le même journal.
Cependant, Bedoui affirme ici qu’il n’a que consulté son collègue au gouvernement afin de lui donner son avis de juriste. Ce dernier lui a affirmé qui la garde revient bel et bien aux grands-parents maternels.
Jusqu’ici, rien de grave d’un point de vue juridique. Cependant, l’enquête concernant l’affaire de l’ancien garde des Sceaux a révélé que ce dernier avait donné des instructions, après l’appel de Bedoui, de faire sortir le grand-père de la prison.
Plus loin encore, et devant la réticence des juges et des procureurs de la République d’exécuter l’instruction du ministre, ils ont été tous sanctionnés.
Et c’est cet aboutissement qui a constitué de fortes preuves contre l’ancien ministre de la Justice et le SG du ministère pour abus de fonction, et qui a failli coûter à Bedoui une inculpation.