Me Hakim Saheb, l’un des avocats qui ont pu arracher la libération de l’étudiant Walid Nekkiche, revient sur des détails de l’audience, mais aussi sur « la torture » qu’avait subi le détenu.
Dans un entretien accordé au quotidien Liberté, l’avocat souligne d’emblée que l’arrestation du jeune Walid est « extra-judiciaire et à base d’accusations préfabriquées ». D’ailleurs, lors de l’audience, les débats ont démontré que le dossier « ne repose sur aucun fait matériellement établi ».
Selon lui, l’élément qui revient dans le dossier « était d’une insoutenable légèreté et repose sur les aveux qui ont été arrachés, selon le prévenu, à l’issue de longues souffrances physiques et mentales et qui ont été intentionnellement et volontairement infligées ».
S’agissant des révélations du jeune sur la torture, qui ont outré l’opinion publique, l’avocat dira « qu’au-delà du préjudice matériel », qu’il y a eu aussi « préjudice moral du fait qu’il a subi des sévices sexuels, il a été souillé dans son intimité et sa dignité ».
Me Hakim Saheb explique ensuite que les traitements inhumains subis par le prévenu Walid Nekkiche, avaient fait objet d’une plainte déposée en juin 2020 par Me Nacéra Haddouche. Une plainte qui est « restée sans suite ».
La même avocate avait également, selon Me Saheb, déposé « une demande la désignation d’un médecin aux fins d’effectuer une expertise médicale, physique et psychologique ». Encore une fois, continue le juriste, cette demande « avait été rejetée juge d’instruction ».
« Comment se fait-il que la torture continue d’être pratiquée ? »
Suite aux révélations du jeune Walid Nekkiche, l’avocat estime que « le procureur de la République est légalement obligé d’ouvrir une information judiciaire dès qu’une victime révèle avoir fait l’objet de torture ».
« Paradoxalement, au lieu d’aller dans le sens de cette obligation, nous avons vu que ce représentant de l’ordre public a plutôt requis la réclusion à perpétuité », s’est-il indigné.
Jugeant ces pratiques de honteuses, d’inhumaines et d’indignes, l’avocat s’indigne encore : « comment se fait-il que la torture pratiquée durant la période coloniale contre les populations algériennes, continue d’être pratiquée encore aujourd’hui ? ».
Il convient de rappeler que Walid a été condamné à six mois de prison ferme et une amende de 20.000 dinars pour la seule accusation de « distribution et possession de tracts pour porter atteinte à l’intérêt du pays ». Ayant purgé sa peine (14 mois de détention provisoire), il a retrouvé sa liberté ce mardi matin.
Forte heureusement pour lui, et grâce à une impressionnante mobilisation des avocats, le jeune étudiant a été acquitté dans les autres accusations portées à son encontre, et utilisées par ces quelques médias, en le condamnant avant même que le verdict de la justice soit rendu.