Après l’acquittement prononcé par le tribunal militaire de Blida à l’encontre des accusés dans l’affaire « du complot », des avocats appellent à suivre la même démarche dans les autres gros dossiers en cours.
Plusieurs anciens ministres et hauts responsables de l’ère de Bouteflika, font actuellement objet de poursuites judiciaires, qui débouchent souvent à des condamnations à de la prison ferme.
Les accusations portées à leur encontre sont liées à la gestion de leurs secteurs respectifs, voire à de grands scandales de corruption.
Se félicitant du verdict d’acquittement des quatre accusés dans l’affaire dite du « complot contre l’Etat et l’armée », des avocats estiment que cette démarche devra s’étendre aux affaires classées et en cours, impliquant d’autres anciens responsables. D’au moins pour certains d’entre eux.
Dans ce sens, Me Miloud Brahimi, rapporté ce lundi par le quotidien le Soir d’Algérie, espère voir la décision du tribunal militaire « inspirer les juges dans les délits d’opinion et les délits liés à l’acte de gestion qu’il faut absolument dépénaliser ».
Pour lui, « le président de la République a lui-même demandé à ce que cela soit dépénalisé, nous attendons, car de nombreux cadres se trouvent aujourd’hui en prison pour ces raisons ».
Pour illustrer ses propos, le juriste cite l’exemple de « Khalida Toumi qui se trouve en prison pour cela uniquement ».
Il ajoute encore que « Youcef Yousfi est, lui aussi, incarcéré pour avoir géré comme il l’a su, comme il l’a pu. Tout cela est à revoir, et encore une fois, il n’y aura pas d’Algérie nouvelle sans une justice nouvelle ».
Pour Me Ksentini, « l’essentiel c’est de récupérer l’argent et les biens mal acquis »
Tout en mettant en avant « les réparations de justice devant les juridictions d’appel », Me Farouk Ksentini estime, en commentant le verdict de la Cour d’appel militaire de Blida, que « quand un dossier est vide, il est vide, on ne peut pas gérer avec des sentiments épidermiques.
S’agissant des procès impliquant les anciens ministres, il dira : « les procès massifs ne m’ont jamais inspiré confiance », tout en soulignant que le verdict de Blida « est de bon augure, cela va aider à détendre l’atmosphère »
Il préconise que « les peines démesurées devraient être ramenées à des peines plus raisonnables, l’essentiel est la récupération de l’argent et des biens mal acquis. Pour les peines de prison, il faut rester dans le raisonnable ».
Me Fatiha Chellouche estime que le procès en appel lié à l’affaire du « complot » s’est déroulé dans une situation plus sereine. Le tribunal a constaté qu’il n’y avait pas eu complot ; il était donc légitime qu’on rende leurs droits aux personnes poursuivies ».
Dans la même lancée, elle souligne que « d’autres personnes devraient être acquittées dans d’autres dossiers, je parle en particulier de Youcef Yousfi. Comme beaucoup, il a été inculpé dans un dossier politique, mais il est temps de rester dans la légalité ».
Toujours dans le contexte du dernier verdict de « l’acquittement », Me Berghel a affirmé : « Nous avons toujours dit que le dossier était vide, le temps nous a donné raison. Aujourd’hui, il est du devoir des autorités de réfléchir, car la justice n’a jamais réglé de problèmes de gestion ou de politique ».