La dilapidation des deniers publics durant le règne du président déchu Abdelaziz Bouteflika n’a pas touché que le trésor public. Le secteur foncier n’a pas échappé aux puissants hommes d’affaires et hauts responsables de l’époque.
Si l’on se réfère aux enquêtes menées, dès 2019, dans le cadre des affaires de corruptions impliquant ces hommes d’affaires et hauts responsables, la superficie globale des assiettes foncières dont ils avaient bénéficié est estimée à plus de 250 000 hectares répartis à travers près de onze wilayas du pays, selon des éléments rapportés hier samedi par le quotidien Le Soir d’Algérie.
La majorité de ces terrains sont situés dans des régions très avantageuses et convoitées et considérés comme étant à vocation agricole. Les autorités de l’époque avaient tendance à mener des procédures au niveau local afin de permettre aux bénéficiaires d’acquérir ces assiettes facilement.
Ainsi, les terrains indûment acquis sont « déclacifiés », une procédure jugée le plus souvent d’illégale, dans le but de les rendre accessibles à la vente et par conséquent à la disposition des hommes d’affaires.
Tahkout et Haddad, des noms qui se détachent nettement du reste
À titre d’exemple, le même journal a cité l’affaire de l’octroi de terrains aux fils de l’ancien DGSN Abdelghani Hamel qui a entraîné plusieurs walis à l’effigie de Kadi Abdelkader, Mustapha Layadhi et Moussa Ghelaï. Si dans la plupart des cas les walis sont les premiers à être cités, c’est par ce que c’est à eux que revenait la décision finale qui est la signature des autorisations d’octroi.
S’agissant des hommes d’affaires bénéficiaires de ces assiettes foncières, ils se trouvent presque tous incarcérés dans le cadre des affaires de corruptions les concernant. Parmi eux, Mahieddine Tahkout qui a bénéficié d’un total de 15 arrêtés de droit de concession pour une durée de 30 ans, selon ce qu’a révélé le procès de l’ancien wali d’Alger Abdelkader Zoukh.
Le comble, c’est que la majorité des projets destinés à être réalisés sur ces assiettes n’ont pas été réalisés. L’autre homme d’affaires dont le nom a été cité plusieurs fois dans le cadre des indus bénéfices en matière de terrain n’est autre qu’Ali Haddad. Les terrains dont il avait bénéficié sont estimés à des milliers d’hectares répartis sur plusieurs wilayas. Il s’agit des wilayas d’Alger, de Tipasa, de Boumerdès, d’El Bayedh, de Bouira…
1994 hectares récupérés
Selon un communiqué du ministère de la Justice, rendu public hier samedi, l’Etat a procédé à la récupération de pas moins de 1 994 hectares de biens publics octroyés dans le cadre de contrats de concession illégalement distribués.
Il s’agit selon la même source d’un processus qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption et la fin des méthodes d’appropriation illégale des biens de l’État, précisant que les tribunaux administratifs ont réglé un total de 835 affaires liées aux contrats de concession.
« Dans le cadre de la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics, les tribunaux administratifs à travers tout le territoire national, ont statué jusqu’au 21 mars 2021 dans 835 affaires ce qui a permis la récupération d’une superficie de 19.940.000 m² (plus de 19 millions m²) soit 1994 hectares en attendant les jugements des autres affaires en instance », lit-on dans le communiqué.