Affrontements entre salafistes et policiers à Tunis

Affrontements entre salafistes et policiers à Tunis

La police tunisienne a arrêté 86 personnes après une nuit d’affrontements à Tunis entre les forces de l’ordre et des centaines de musulmans salafistes qui manifestaient contre une exposition artistique, a dit mardi le ministère de l’Intérieur.

Les protestataires dénonçaient ce qu’ils ont qualifié d’humiliation des musulmans. Les incidents se sont produits dans les quartiers d’Ettadamen et de Sidi Hussein. Des rues ont été bloquées et des pneus incendiés. Les forces de sécurité qui sont intervenues à coup de grenades lacrymogènes et en tirant en l’air ont essuyé des jets de bouteilles incendiaires.

Le ministère de l’Intérieur a précisé que sept membres des forces de sécurité avaient été blessés.

Des témoins ont raconté que des émeutiers s’en étaient pris à un tribunal du quartier de Sidi Hussein et avaient tenté d’incendier un commissariat d’Ettadamen.

La veille déjà, des salafistes, tenants d’une application rigoriste de l’islam et de la charia, la loi coranique, avaient fait irruption dans une galerie de La Marsa, un quartier huppé de Tunis, et vandalisé des œuvres d’art qu’ils jugeaient insultantes.

Les manifestations ont repris mardi matin dans plusieurs quartiers de Tunis. Des salafistes ont bloqué la chaussée et des lignes de tramway dans le district d’Intilaq où les boutiques demeuraient fermées, selon des témoins.

Même si les islamistes tunisiens n’ont pas joué un rôle déterminant dans le renversement du régime de Zine ben Ali, en janvier 2011, le débat sur la place à donner à la religion dans le gouvernement et la société fait rage en Tunisie.

Dimanche, l’Egyptien Ayman al Zaouahiri, qui a succédé à Oussama ben Laden à la tête d’Al Qaïda, a appelé les Tunisiens à défendre la charia et accusé les islamistes modérés d’Ennahda, le premier parti politique tunisien, de s’être renié et d’avoir trahi l’islam.

Ennahda, qui dirige la coalition au pouvoir avec deux partis laïques, est « en train d’inventer un islam acceptable aux yeux du département d’Etat américain, de l’Union européenne ou (…) des pays du Golfe », dénonce-t-il dans un enregistrement sonore.