Afghanistan : L’OTAN bientôt en déroute

Afghanistan : L’OTAN bientôt en déroute

Des troupes supplémentaires ou ce sera une défaite probablement assurée pour les forces de l’Otan (Isaf) en Afghanistan.

Avec sa franchise habituelle, le nouveau commandant des forces internationales, Stanley McChrystal a transmis un rapport coup de poing et pessimiste fin août au Pentagone.



Le général américain note que la mission afghane a «manqué de ressources dès le départ» et «continue d’en manquer».

Faute de moyens supplémentaires, la coalition risque «un conflit plus long, plus de victimes, des coûts plus élevés et, au final, une érosion cruciale de soutien politique. Chacun de ces risques peut entraîner un échec probable de la mission», écrit-il dans ce rapport confidentiel révélé par les journaux américains lundi.

Le général ne donne aucune indication chiffrée quant aux renforts nécessaires mais des sources au Pentagone évoquent 10.000 à 45.000 soldats de plus.

Le commandant de l’Isaf souligne l’urgence de cet apport. «Echouer à reprendre l’initiative et à mettre un terme à l’offensive des talibans dans les douze mois risque de nous amener à une situation où il ne serait plus possible de les vaincre», insiste le général McChrystal dans ce document qui est désormais entre les mains de la Maison-Blanche.

Barack Obama s’est pour le moment montré réservé sur l’opportunité d’envoyer davantage d’hommes.

Il a déclaré dimanche sur CNN que sa décision ne sera pas «dictée par la politique du moment» et a promis de se montrer «sceptique» à l’égard des requêtes des généraux.

Des sources internes de l’Otan, interrogées par le Guardian, ont admis que de nouvelles recrues ne pourront venir vraisemblablement que de l’Europe, princiaplement de Grande-Bretagne.

Les ambassadeurs des 28 pays de l’Otan ont été informés du contenu du rapport.

Un débat est en cours mais il est encore trop tôt, indique l’Organisation, pour aborder la question des renforts.

«Nous pouvons nous battre nous-mêmes»

Le général McChrystal a été nommé en mai pour mettre en oeuvre le changement radical de stratégie en Afghanistan, voulu par Barack Obama.

Selon le militaire, la priorité de l’Otan, qui cherche à perdre le moins d’hommes possibles sur le terrain, ne doit pas être la chasse aux talibans ou le contrôle du territoire, mais la protection de la population.

A coups de stratégies inadéquates, les forces internationales «s’en sont éloignées physiquement et psychologiquement».

«Sans renforts, nous courrons probablement à l’échec. Cependant, sans changement de stratégie, la mission afghane ne doit pas être renforcée», met en garde Stanley McChrystal.

«Les insurgés ne peuvent pas nous battre militairement mais nous pouvons nous battre nous-mêmes», ajoute-t-il.

Pour regagner la confiance des Afghans, Stanley McChrystal recommande que les soldats de l’Otan passent moins de temps dans leurs véhicules blindés ou dans leurs bases, et patrouillent sur le terrain, quitte à prendre plus de risques.

«Il est réaliste de s’attendre à ce que les pertes de l’Otan s’intensifient», avoue-t-il.

Il conseille aussi de former les soldats occidentaux aux dialectes locaux afin que les troupes soient considérées comme des «invitées du gouvernement afghan et non comme des unités d’occupation».

Les prisons, sanctuaires des talibans

Le général, qui défend une augmentation rapide des forces de police et de l’armée afghanes, pointe aussi du doigt la responsabilité du gouvernement de Kaboul.

«Nos propres fautes mais aussi la faiblesse des institutions afghanes, une corruption rampante et des abus de pouvoir ont donné très peu de raisons aux habitants de soutenir leur gouvernement».

Autre point d’inquiétude les prisons. Elles sont gangrénées par les talibans. Représentant de 2.500 des 14.500 prisonniers, ils enrôlent nombre de détenus et y planifient leurs attaques.