Aggravation du phénomène des Harraga en 2018 : Une année au goût amer

Aggravation du phénomène des Harraga en 2018 : Une année au goût amer

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Les trois derniers mois ont été particulièrement cruels.

Inquiétant! La harga n’est plus un simple phénomène, mais un vrai problème de société. Selon des ONG, pas moins de 12.000 jeunes se sont embarqués dans des chaloupes, bravant les vagues de la Méditerranée.

Les trois derniers mois ont été particulièrement cruels pour ces innombrables disparus au beau milieu d’une mer sans pitié. Aujourd’hui, des centaines de jeunes, pères de familles pour certains, n’hésitent plus à prendre femmes et enfants pour tenter de traverser la Méditerranée, quitte à y laisser la vie. Pour ces derniers, c’est quitte ou double, atteindre l’autre rive ou périr dans l’eau. Les blessures n’en sont que plus profondes pour les milliers de familles que ces gestes «désespérés» laissent endeuillées.

Le chiffre cité parle de lui-même. L’un des bilans les plus lourds de ces décès est sans doute celui des 20 harraga qui ont péri au large d’Oran, il y a quelques jours de cela, dont deux enfants. Cette tragédie a tout de suite suscité de la colère pour certains et de l’effroi pour d’autres. Les proches des victimes avaient même initié une manifestation pacifique pour faire part de leur total désarroi face au phénomène.

Toujours au mois de décembre, deux autres jeunes qui tentaient de rejoindre l’Europe dans des embarcations de fortune ont perdu la vie au large de la côte entre Tigzirt et Azzefoun. Les gardes-cotes ont été alertés par des pêcheurs qui ont retrouvé le premier corps de l’une des victimes en état d’hypothermie. Durant la même période, deux autres harraga sont morts dans les mêmes circonstances au large d’Arzew. Les mois précédents ont également été tristement marqués par des drames de ce type. On ne compte plus les morts survenus suite à des tentatives d’émigration clandestine. Un nombre important de corps échoués sur les côtes algériennes, mais aussi près des côtes européennes ont été recensés, les chiffres qui en ressortent font froid dans le dos. Au quotidien, on voit des photos et des vidéos circuler sur les réseaux sociaux de ces personnes qui s’aventurent dans une mer déchaînée. Comme on peut le constater, les tentatives d’émigration clandestine ont connu une augmentation considérable comparativement aux années précédentes. Pour faire une brève chronologie de ce phénomène, c’est vers le milieu de l’an 2000 qu’il fit son apparition. La courbe avait baissé au fur et à mesure avant de reprendre de plus belle en 2016. Mais il faut le dire, 2018 aura sans doute été l’année où l’on a enregistré, un nombre impressionnant de décès de harraga. L’évolution de ce phénomène s’est d’autant distingué ces dernières années à travers la catégorie des personnes qui recourent à l’émigration clandestine. Si avant, seuls les hommes s’y risquaient, les femmes et les enfants font désormais également partie du lot. Et cela n’en est que plus tragique pour un pays. Cette situation nous pousse à nous interroger sur l’avenir d’un pays qui perd sa jeunesse. Qui va le construire?

Lutte contre l’émigration clandestine

L’ANP passe à l’action

Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, Ahmed Gaïd Salah a instruit le commandant des Forces maritimes de s’employer dans l’urgence afin de lutter contre la harga de masse des jeunes, le sommant de renforcer la surveillance au niveau des côtes algériennes. La réaction du vice-ministre de la Défense nationale intervient après avoir constaté l’étendue du phénomène durant ces derniers mois.