Agitation marocaine en prévision du sommet de Nouakchott

Agitation marocaine en prévision du sommet de Nouakchott

Par Kharroubi Habib.

Agitation marocaine en prévision du sommet de Nouakchott
Selon le calendrier arrêté par l’Union africaine pour la 31ème session ordinaire de l’assemblée des chefs d’Etat et de Gouvernement qui se tiendra les 1er et 2 juillet dans la capitale mauritanienne Nouakchott, il est prévu que ces derniers auront à débattre de la nécessité d’entreprendre sur le continent une lutte contre la corruption qui gangrène les gouvernance des Etats africains.

Ce ne sera pas néanmoins le seul sujet à l’ordre du jour du sommet. Les dirigeants du continent se verront en effet exposer des rapports ayant trait à non des moindres questions qui interpellent l’Afrique. Les trois plus délicats d’entre eux sont ceux dont les présidents nigérien, rwandais et celui de la commission exécutive de l’Union africaine seront les exposants.

Le premier soumettra à ses pairs un rapport sur l’état d’avancement de la mise en place de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine, signé au Rwanda le 21 mars dernier. Le second leur fera connaître les progrès, s’il y en a eu, sur le projet de la réforme institutionnelle de l’Union africaine. Quant au troisième, il leur fera rapport sur la question du Sahara occidental conformément à la décision 653 prise à l’occasion de la 29ème conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement tenue les 3 et 4 juillet 2017 à Addis-Abeba en Ethiopie.

Sur les sujets énumérés dont débattront les dirigeants africain, il est attendu que celui de la question du Sahara occidental donnera lieu au débat le plus chaud entre eux, tant il est clivant. Il est probable que, d’entrée, les représentants du Maroc vont tenter d’obtenir qu’il ne soit pas question d’examiner un rapport sur le Sahara occidental en arguant de leur point de vue que ce dossier est de la compétence exclusive des Nations Unies. La délégation marocaine s’agitera d’autant pour faire de l’obstruction à un débat sur la situation du Sahara occidental que Rabat soupçonne le président de la commission de l’Union africaine, qui a été chargé d’en présenter les tenants, d’être sur une ligne anti-marocaine sur le sujet. Elle aura néanmoins à avoir à faire à forte partie tant, depuis son retour au sein de l’organisation continentale, le Maroc a donné de signes qu’il n’entend nullement respecter les conditions posées par l’Union africaine à sa réadmission, dont celle qu’il doit se conformer à ses prises de positions et décisions. Depuis son retour, le Maroc a entrepris un travail de sape en tentant de monter els uns contre les autres les Etats membres de l’Union africaine qu’il a l’intention de poursuivre à Nouakchott. Dans la capitale mauritanienne, la délégation marocaine va probablement avoir l’appui complice extracontinental de la France dont le président s’est étrangement fait inviter à prendre part au sommet africain sous prétexte qu’il sera question de l’émigration clandestine en provenance de l’Afrique et de la sécurité de la zone sahélienne. Macron serait mal avisé de dicter leur conduite à ses pairs africains sur le dossier du Sahara occidental, tant le passé colonial de la France demeure encore vivace et dans la conscience collective de l’Afrique.

Sa seule présence à Nouakchott au sommet africain est l’indice qu’il n’est pas comme il le prétend en rupture avec la sinistre politique de la « France Afrique » dont a usé la France postcoloniale pour dévoyer les indépendances africaines et conserver sa mainmise sur ce qu’elle considère comme son pré carré africain dont le fleuron est le Maroc incontestablement.