“Lorsque le hirak réussira, si jamais il réussit, et nous espérons qu’il réussira, il sera obligé de négocier avec le système le mode de changement du système de gouvernance, et c’est à ce moment-là, qu’il aura bien besoin d’un leadership pour négocier à sa place”, a estimé, hier, à Tizi Ouzou, Ahmed Benbitour au cours d’une conférence qu’il a animée à l’invitation du Café littéraire qu’organise l’Emev de Malek Amirouche. Pour l’ancien chef de gouvernement, la capacité de négociation est d’une importance capitale puisque, a-t-il considéré, “le succès du hirak ne se fera que le jour où il aura la capacité de négocier avec le système concernant le mode de changement de système de gouvernance”.
Et pour avoir cette capacité à négocier, le mouvement populaire aura besoin, de l’avis de Benbitour, “de sortir de son horizontalité actuelle”. “Il faudrait aller vers, je ne dirais pas une espèce de verticalité, mais plutôt de leadership qui soit capable de négocier en son nom. Sans cela, ce sera un échec total”, a-t-il asséné, non sans faire le parallèle entre la révolution populaire actuelle et celle de 54-62. “En 1961, si le FLN avait commencé à dire je ne vais pas dialoguer avec les Français, on serait toujours sous occupation française.” Interrogé quant au changement de la Constitution, Benbitour a souligné que “la Constitution ne doit plus être un costume sur mesure pour chaque chef d’État.
Il faut, dit-il, qu’elle soit l’émanation d’un choix de société”. “Au président qui sera élu démocratiquement, moi je conseille de mettre en place le fameux haut-commissariat à l’éducation citoyenne pour un travail de quatre ans de débats à travers l’ensemble du territoire national, et avec l’ensemble des composantes de la société pour arriver à fixer ces choix de la société, et c’est à partir de ce moment-là qu’on construira la Constitution qui sera pérenne et pas changée à chaque fois”, a-t-il préconisé concernant la future Constitution du pays.
À une question sur la possibilité de récupérer l’argent transféré frauduleusement à l’étranger, le conférencier a expliqué que “les devises sont déposées dans des banques à l’étranger au nom de personnes, donc si ce ne sont pas ces personnes qui vont les faire revenir, elles ne reviendront pas. Donc si on veut récupérer ces devises, il faudrait que, dans les procès faits aux personnes qui sont devant la justice, l’on exige d’elles de faire revenir cet argent-là, cela est possible, autrement, les procédures sont très très difficiles à réaliser”.
À ce titre, Benbitour a cité en exemple l’argent du FLN qui a été déposé en Suisse par Khider et que personne n’a pu ramener en Algérie. “La seule chose obtenue après plusieurs négociations, c’est d’avoir créé une banque algérienne en Suisse, donc la façon la plus facile de le récupérer est d’exiger de ceux qui l’ont déposé de le faire revenir, c’est une opération plus facile, et il faut donc que les juges en prennent conscience”, a-t-il indiqué. “Mais il faut savoir aussi que ce n’est pas cet argent qui va régler le problème de la crise que vit le pays”, a-t-il précisé.
Samir LESLOUS