Pour l’ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, dont l’action politique s’inscrit désormais résolument dans l’opposition, le salut de l’Algérie passe forcément par le changement du système de gouvernance.
Comme à chacune de ses innombrables sorties publiques, depuis quelques mois, l’ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour a, une fois de plus, alerté, hier, sur l’aggravation de la crise économique qui guette le pays. Une crise qui, regrette-t-il, pourrait s’avérer fatale pour le pays et que subiront de plein fouet les générations à venir. Dans sa contribution au campus des Jeunes libres du RCD, son allié au sein de la CLTD, M. Benbitour a invité “à une prise de conscience des menaces sérieuses qui pèsent sur l’avenir de la nation”.
L’ancien chef de gouvernement, qui a démontré, chiffres à l’appui, que quasiment tous les signaux sont au rouge pour cause de déclin des recettes pétrolières desquelles dépend l’économie nationale, juge que “la sauvegarde de l’Algérie passe nécessairement par le changement de tout le système de gouvernance (…)”. Donc, réitère-t-il, “l’urgence et l’impérative nécessité du lancement d’une transition démocratique”. Pour
M. Benbitour, pour qui la faillite du système a commencé depuis l’Indépendance, c’est désormais la “prédation qui s’annonce à l’horizon”. Selon lui, si des solutions pratiques existent pour sortir le pays de la crise, “les obstacles sont d’ordre politique”. D’où son appel aux décideurs à “assumer leurs échecs et leur responsabilité historique, parce que l’histoire ne pardonnera pas à ceux qui ont vu venir le danger et ne l’ont pas endigué”. Le message de Benbitour se veut comme une alerte contre une dérive quasi certaine qui risque de plonger, dans un avenir proche, le pays dans une crise sans précédent. Interrogé par les jeunes militants du RCD, lors des débats, l’ancien chef de gouvernement s’est, par ailleurs, exprimé sur certaines questions telles que la laïcité, l’officialisation de tamazight ou encore les raisons l’ayant poussé à démissionner de la chefferie du gouvernement au tout début du premier mandat du président Bouteflika.
Concernant la laïcité, M. Benbitour s’est montré plutôt défavorable à ce système de gouvernance qu’il a estimé propre à la France, lui préférant l’exercice des libertés de culte. “Il faut faire la différence entre un système de gouvernance laïque et le comportement laïque. Il faut faire attention quant à ce système qui a montré ses limites en France, seul pays à adopter ce système de gouvernance”, a-t-il jugé. Benbitour est également loin d’être favorable à l’officialisation de tamazight en tant que culture et langue. Du moins, pas pour l’instant. De son point de vue, l’officialisation de cette langue nationale doit encore attendre sa promotion et son développement. “Il faut d’abord mettre en place les instruments nécessaires pour que l’officialisation de cette langue ne le devienne pas seulement sur papier”, estime-t-il. Enfin, sur son retrait du gouvernement, il a rappelé qu’il a été poussé à la démission par Bouteflika lui-même lorsqu’il avait pris la décision de légiférer par ordonnance ignorant du coup et le gouvernement et l’Assemblée nationale.
F. A.