Ahmed Boutoumi, président du SNTMA, à l’expression: « Notre problème réside dans la disparité salariale »

Ahmed Boutoumi, président du SNTMA, à l’expression: « Notre problème réside dans la disparité salariale »

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Dans cet entretien, le président du Sntma, Ahmed Boutoumi, a réagi à la décision de la cour de justice de Dar El Beida, portant sur le gel de son préavis de grève qui devait prendre effet, aujourd’hui même, à 7h du matin. Il s’est également étalé sur les causes qui ont entraîné la grogne des techniciens de la maintenance des avions.

L’Expression: Quelques jours après avoir déposé votre préavis de grève, la justice a ordonné son gel, comment votre syndicat a-t-il pris cette décision?

Ahmed Boutoumi: Comme vous le savez sans doute, la prise d’une telle décision est loin de nous enchanter et nous désole complètement. Et pour cause, celle-ci n’a aucun fondement juridique. Le plus déplorable dans tout ceci, c’est que nous avons religieusement suivi toutes les procédures réglementaires inhérentes aussi bien à la convention collective qu’à la loi de travail dans la création du dossier de préavis de grève que nous avons par la suite et dans les normes, soumis à la direction générale et l’inspection du travail de la wilaya d’Alger. Par ailleurs, nous ne comprenons toujours pas sur quel loi ou texte s’est basée la cour de Dar El Beïda pour se prononcer contre la légalité de notre grève. Quand bien même ce jugement est «légitime», je demande à cette cour de nous donner ce sur quoi elle s’est appuyée avant d’ordonner cette sentence, peut-être serions-nous convaincus.

Que comptez-vous faire à présent?

Eh bien, il est clair que nous ne sommes pas en mesure d’aller contre le sens de la justice, cela n’est aucunement notre but, nous ne sommes pas des hors-la-loi. Ainsi, on est dans l’obligation de respecter cette décision, qui ne nous ravit nullement. Ce que nous avons fait en revanche, c’est de répondre par des arguments pertinents à ceux qui nous ont été présentés par la cour de Dar El Beïda, après avoir décrété l’illégalité de notre grève. Après, cela ne veut pas dire pour autant que nous renonçons à poursuivre notre combat pour arracher nos droits les plus vitaux, et ce, jusqu’au respect des clauses comprises dans la convention collective signée en 1999 par le Sntma et la compagnie aérienne.

Justement, vous ne cessez d’évoquer le fait que la direction d’Air Algérie, depuis la signature de cette convention, n’a fait que contourner les points qui y sont inclus, de quoi s’agit-il au juste? 

Pour simplifier les choses, il faut savoir que ladite convention régit les questions relatives au statut de notre corporation, notamment en ce qui concerne le volet salarial. Sur ce point par exemple, il est stipulé que dans la classification du personnel de la compagnie nationale, les mécaniciens de la maintenance occupent le deuxième plus important rôle après les pilotes. Cela est d’ailleurs le cas dans toutes les compagnies aériennes du monde entier. Je tiens à souligner que beaucoup de personnes ne savent pas, que le commandant de bord ne reçoit le signal pour décoller qu’après que les techniciens aient vérifié l’état de l’appareil et donné leur feu vert. Ainsi, c’est une grande responsabilité que nous portons sur les épaules, car la sécurité de centaines de vies humaines dépend en grande partie de nous. Notre problème maintenant, réside entre autres dans une disparité salariale criante. Trouvez-vous normal qu’un steward ou une hôtesse de l’air, à titre d’exemple, perçoive le triple de notre salaire? Et encore, nous sommes lésés par rapport à tout le reste du personnel. C’est sur cette injustice salariale que nous avons notre principale doléance. Tout ce que nous demandons de notre direction générale, c’est de respecter cette clause du contrat.

Air Algérie avait procédé à une large augmentation des salaires qui a touché tout son personnel, jugez-vous avoir été lésés par rapport aux autres?

Je tiens au préalable à insister sur le fait que notre syndicat n’a jamais été contre une quelconque augmentation des salaires concernant le personnel d’Air Algérie dans sa globalité. Par contre, nous avons dénoncé le fait qu’en dépit de notre classification dans la convention locale, là encore notre augmentation à été minime par rapport au reste des employés.

Là encore, nous avons été relégués au dernier plan. Cela dure depuis beaucoup trop longtemps, nous en avons assez des justifications des responsables de la direction. Il n’y a pas si longtemps que ça, ils se plaignaient de la situation financière d’Air Algérie, or, il n’en est rien. Preuve en est, ils ont opéré des augmentations signifiantes pour certains. L’entreprise se porte visiblement très bien, pourquoi alors sommes-nous toujours mis sur la touche? Telle est la question qui nous turlupine!

Prévoyez-vous d’entreprendre d’autres actions?

Tout ce que je peux dire, c’est que malgré la décision de la justice de geler notre préavis de grève, notre résolution à faire aboutir nos revendications n’est pas enrayée pour autant, nous ne renoncerons pas.