Ahmed Mazouz : « Bouteflika était le candidat de la stabilité »

Ahmed Mazouz : « Bouteflika était le candidat de la stabilité »

L’homme d’affaires, Ahmed Mazouz, a été entendu, ce lundi, 11 janvier, à la Cour d’Alger, lors du procès en appel des deux anciens Premiers Ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, dans l’affaire du montage automobile et du financement occulte de la campagne présidentielle de 2019.

Au troisième jour du procès en appel impliquant les deux anciens Premiers Ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, dans l’affaire du montage automobile et du financement occulte de la campagne présidentielle de 2019, l’homme d’affaire Ahmed Mazouz est passé à la barre devant la juge.

Lors de son audition, assurée par audioconférence depuis la prison de Boussouf à Constantine, l’accusé a révélé avoir remis un chèque de 39 milliards de centimes au Président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Ali Haddad, pour contribuer au financement de la campagne électorale de l’ancien Président, Abdelaziz Bouteflika.

Interrogé sur l’objectif de ce financement occulte, Mazouz a fait savoir que c’est l’homme d’affaire Mohamed Bairi qui lui avait demandé de verser cet argent au profit de la campagne électorale de Bouteflika en 2019.

« Bairi est venu m’informer qu’il fallait aider l’équipe de campagne. J’ai demandé s’il y avait d’autres hommes d’affaires qui étaient concernés par le financement de la campagne, et il m’a dit qu’Ali Haddad avait mis 180 milliards de centimes dans cette campagne. Après réflexion, j’ai décidé de signer un chèque de 39 milliards de centimes », a-t-il détaillé.

« Pourquoi avoir donné 39 milliards au lieu de 40, pourquoi exactement 39 ? », lui a demandé la juge. L’homme d’affaire a expliqué qu’ « il avait remis cette somme pour faire croire que c’est tout ce qu’il possédait et afin qu’on ne lui demande pas davantage ».

Par ailleurs, Mazouz a assuré qu’ « il n’a pas été obligé à donner de l’argent pour ce financement », et a confié qu’ « il l’avait fait pas conviction », car pour lui, « Bouteflika était le candidat de la stabilité et de la continuité ».

« Abdelaziz Bouteflika s’est présenté en tant que candidat indépendant. C’était le candidat de la stabilité et de la continuité. Je n’avais aucun objectif particulier. C’est pour le pays. Ce n’est pas la première fois que je fais cela. En 2016, lorsque l’on a lancé l’emprunt obligataire, j’ai déposé un chèque de 130 milliards de centimes pour le bien du pays. Je n’ai rien attendu en retour », a-t-il confié.

Selon Mazouz, « les hommes d’affaires du FCE étaient chargés de la collecte de l’argent »

Toujours au sujet du financement occulte de la campagne Présidentielle de 2019, la juge a interrogé Mazouz « pourquoi avait-il remis le chèque à Haddad et non à Sellal, en sa qualité de directeur de la campagne de Bouteflika ? ».

L’accusé a expliqué que « c’est Mohamed Bairi qui était venu le voir pour l’informer que c’est Ali Haddad qui s’occupait de la collecte de l’argent ». « Bairi est un frère, un cousin et un associé, je lui ai fait confiance Madame la Présidente. Tout ce que j’ai fait, c’est pour la stabilité de mon pays », s’est-il justifié en affirmant que ce sont « les hommes d’affaires du FCE qui se chargeaient de collecter l’argent pour la campagne ».

« En 2008, Ouyahia a cassé une usine de montage que j’ai lancée à Sétif avec les Chinois »

La juge s’est également arrêtée sur les avantages dont a bénéficié Mazouz après avoir participé au financement occulte de la Présidentielle de 2019, cependant, le prévenu a assuré qu’il n’avait bénéficié d’aucun avantage et qu’il avait été choisi dans le groupe des 5+5 en raison de sa présence sur le terrain.

Dans ce même sens, il a fait savoir que « l’ancien Premier Ministre, Ahmed Ouyahia, avait cassé une usine de montage qu’il avait lancé à Sétif avec les Chinois ». Une déclaration qu’Ouyahia a confirmé en affirmant qu’ « en 2008, il avait fermé l’usine, mais sans viser personnellement Mazouz ».

S’agissant de ses biens, Ahmed Mazouz a assuré que tout son argent et ses biens se trouvent en Algérie, et a indiqué qu’il ne possède aucun bien ni compte bancaire à l’étranger.