Ahmed Taleb el Ibrahimi: l’Algérie a perdu « un fils valeureux et un militant exemplaire »

Ahmed Taleb el Ibrahimi: l’Algérie a perdu « un fils valeureux et un militant exemplaire »

Les hommages à Aït Ahmed se poursuivent et les personnalités politiques ne tarissent pas d’éloges sur ce « valeureux » fils de l’Algérie. C’est en ces termes, d’ailleurs, que Ahmed Taleb El Ibrahimi évoque le défunt et rappelle « l’homme engagé » qu’il a connu au Caire en 1953.

« J’ai connu Hocine Aït Ahmed au Caire, en 1953, et déjà on s’attachait à l’homme de conviction doublé d’un patriote intransigeant. Mais c’est dans les prisons françaises où nous avons séjourné entre 1957 et 1961 que se sont renforcés nos liens d’amitié », se souveint ahmed Taleb el Ibrahimi dans un message publié par le quotidien arabophone El Khabar. .

Taleb El Ibrahimi saisi cette ocasion, lui l’ancien prisonnier de la Santé, que « lorsque le CEE a adressé aux cinq le projet de plateforme de la Soummam, seul Aït Ahmed l’a approuvé dans son intégralité, alors que ses pairs ont émis des réserves plus ou moins importantes ».

Ahmed Taleb el Ibrahimi fait appel aux vieux souvenirs de cette époque et raconte « les discussions passionnées à la prison de la Santé, notamment après la constitution du GPRA, sur l’avenir de notre pays, où Aït Ahmed se distinguait par de longs développements marqués par la profondeur de la pensée et l’élégance du style ».

Cette attitude altière de Aït Ahmed et l’ « angélisme » que lui reprochaient ses compagnons, estime Taleb, renforce la conviction de l’ancien ministre et candidat à la Présidentielle de 1999 que « le seul groupe auquel aurait pu adhérer Aït Ahmed était celui de Abane ». Depuis l’assassinat de ce dernier, explique encore Taleb, « Aït Ahmed n’était plus un outsider. les luttes pour le pouvoir ne l’intéressait point ».

Rappelant le parcours de Aït Ahmed après l’indépendance, il dira que ce dernier avait livré « un combat à l’Assemblée nationale pour un Etat de droit, de multipartisme, d’élections libres… mais les foudres de Ben Bella ne l’ont pas épargné : emprisonné puis condamné à mort, il doit à ses amis, qui se sont démenés à l’étranger, de n’avoir pas subi le sort de Chaabani ».

Sous Boumediène, lit-on encore dans le texte de Taleb Ahmed, « sa libération promise ayant tardé, nous avons assisté à son évasion et à son installation à Lausanne, où nous nous sommes vus à maintes reprises. »

Après les Evènements d’octobre 1988 et l’ouverture démocratique « Aït Ahmed est heureux de retrouver l’Algérie en 1989 ». « Son parti politique est devenu une force essentielle dans le paysage politique du pays. Mais il va bientôt déchanter devant l’ampleur de la violence qui a caractérisé la décennie rouge. En 1995, nous avons activement soutenu la plateforme du contrat national conclu à Rome et, quatre ans plus tard, nous sommes tous deux candidats à la présidence de la République », rappelle encore Ahmed Taleb El Ibrahim.

De cette « récréation démocratique » Ahmed Taleb retiendra une campagne menée « main dans la main sans nous faire d’illusions sur la neutralité du commandement de l’armée, et lorsque nous avons eu la preuve que ce dernier, malgré les promesses publiques du chef d’Etat démissionnaire, avait choisi son candidat et décidé de l’imposer au peuple par tous les moyens par un simulacre d’élection, les six candidats se sont retirés pour continuer individuellement leur combat pour une Algérie nouvelle. »

Taleb Ahmed créera alors son parti politique Wafa « que le pouvoir a refusé d’agréer en violation flagrante de la Constitution ». « Le 13 novembre 2000, la police envahit le siège de ce parti sans mandat de perquisition, confisque documents et matériel, malmène et arrête le secrétaire général, le retient jusqu’à l’aube au commissariat central de police et appose les scellés », lit-on encore dans le même message.

Dans l’impossibilité de trouver une salle pour tenir sa conférence de presse et après le refus de tous les « partis politiques agréés sollicités, pourtant proches de notre ligne », « seul Aït Ahmed a mis à notre disposition le siège du FFS pour deux jours, matériel et personnel administratif compris, et c’est là, grâce à lui, que j’ai pu reprendre contact avec l’opinion publique, en présence d’une trentaine de personnalités politiques dont certaines étaient encore indésirables auprès de la direction du FFS », témoigne Ahmed Taleb El Ibrahimi.

Aujourd’hui, conclut-il, « si l’Algérie perd un combattant infatigable et un militant exemplaire en la personne de Hocine Aït Ahmed, je perds un ami et un frère. Je prie le Seigneur des mondes de lui accorder Sa Miséricorde et je m’associe au deuil de son épouse et de ses enfants. De même que je partage la douleur des dirigeants et des militants du FFS et de notre peuple, car Aït Ahmed appartient à l’ensemble de l’Algérie ».