En prévision de l’Aïd al-Adha, l’Algérie s’apprête à importer un million de têtes ovines depuis deux pays européens : l’Espagne et la Roumanie. Cette initiative, décidée sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit dans une stratégie visant à garantir la disponibilité des moutons pour les sacrifices rituels à des prix abordables, tout en luttant contre la spéculation sur le marché local.
L’opération a été confiée à deux groupes publics majeurs : le groupe Agrolog via ses filiales, notamment l’Algérienne des viandes rouges Alviar et la société Sarpa ainsi que le groupe Madar à travers l’un de ses démembrements. Ces entreprises auront la charge d’assurer l’importation, la logistique et la mise sur le marché de ces moutons importés, dans le respect du cahier des charges élaboré par la commission spéciale instituée à cet effet.
Selon des sources proches du dossier, des fournisseurs espagnols et roumains ont répondu favorablement aux exigences réglementaires fixées par les autorités algériennes, permettant ainsi la concrétisation rapide de cette initiative. Les premières livraisons sont attendues dès la semaine prochaine, et les arrivées se poursuivront de manière progressive afin d’assurer une couverture fluide et continue du marché national.
Dispositif logistique et sanitaire renforcé pour un déploiement sécurisé
Le déploiement de cette opération d’envergure implique une coordination logistique et institutionnelle complexe, pilotée depuis le sommet de l’exécutif. Un second comité interministériel s’est tenu récemment sous la présidence du ministre de l’Intérieur, en présence de plusieurs secrétaires généraux de ministères clés : Intérieur, Finances, Transport, Industrie, Commerce, ainsi que les représentants de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie nationale.
Conformément au plan de déploiement validé, on placera les cargaisons d’ovins en quarantaine dès leur arrivée dans les ports algériens. On a désigné des sites spécifiques pour accueillir les troupeaux et permettre la mise en œuvre des protocoles de contrôle vétérinaire. Les services de santé animale, en lien avec les autorités de sécurité sanitaire, veilleront à la conformité des moutons importés avec les normes nationales et internationales en matière de salubrité.
Ce processus vise à prémunir le cheptel local contre tout risque sanitaire tout en rassurant les consommateurs algériens sur la qualité des animaux sacrifiés.
Une fois la période de quarantaine terminée, on répartira méthodiquement les moutons dans des points de vente agréés, afin d’assurer leur disponibilité à l’échelle nationale, en particulier dans les régions les plus densément peuplées.
Une réponse aux préoccupations économiques et sociales des ménages
L’objectif premier de cette opération est de stabiliser le marché de la viande ovine à l’approche de l’Aïd, période durant laquelle la demande explose et les prix flambent sous l’effet de la spéculation. En s’appuyant sur l’importation massive de moutons, les autorités entendent casser cette dynamique haussière et permettre aux ménages algériens, notamment les plus modestes, d’accéder à un mouton d’Aïd à un prix raisonnable.
Par ailleurs, on a mobilisé les directions locales des services agricoles pour accompagner l’opération. On a envoyé des instructions aux exécutifs de wilayas afin de collaborer avec les comités sociaux des administrations publiques. L’objectif : recenser les agents publics intéressés par l’achat d’un mouton importé, en établissant des listes nominatives pour faciliter la distribution encadrée.
Ce dispositif témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’instaurer une régulation efficace du marché et de répondre aux besoins des citoyens dans un contexte économique marqué par une inflation persistante. L’introduction contrôlée de moutons importés dans le circuit de distribution devrait contribuer à apaiser les tensions sur les prix et à renforcer la transparence dans le processus de vente.