Le jour du Sacrifice se transforme en une véritable «écurie d’Augias», la raison, c’est que la façon de faire le sacrifice n’obéit pas aux normes d’hygiène et de propreté.
L’Aid El Adha est une symbolique répondant à un rituel consacré par les musulmans comme une forme de sacrifice et offrande pour perpétuer les valeurs religieuses. L’occasion en elle-même est ancestrale, mais la manière de la fêter en Algérie est sujette à plusieurs interrogations.
Comme à l’accoutumée, chaque occasion de l’Aïd El Adha, le jour du Sacrifice est synonyme d’insalubrité et de climat caractérisé par la saleté et des odeurs nauséabondes.
L’opération d’abattage pour ne pas dire égorgement des moutons ou autres bêtes répondant au critère religieux du sacrifice se fait de la façon la plus sauvage et anarchique dans les cités et les quartiers populaires. Le jour du Sacrifice se transforme en une véritable «écurie d’Augias», la raison, c’est que la façon de faire le Sacrifice n’obéit pas aux normes d’hygiène et de propreté. Les cités se transforment en une vraie décharge publique avec ce que cela entraîne comme environnement délétère indescriptible.
Bachdjerrah, une décharge à ciel ouvert
L’insalubrité est partout visible dans la commune de Bachdjerrah, l’Aïd El Adha ne se fait jamais sans ce paysage hideux qui écorne l’harmonie en rapport avec le vivre ensemble et le respect de l’environnement. Dans ce sens, l’entreprise Netcom a déployé des moyens quant à la prise en charge de cette journée un peu spéciale en matière de déchets qui émanent de l’opération d’abattage des moutons.
Celui qui visite la localité de Bachdjerrah s’apercevra que l’insalubrité fait partie de ce climat fait de saleté et d’anarchie sur toute la ligne. L’image qui s’offre c’est celle d’un espace teinté de couleur rouge et de peaux jetées sporadiquement dans tous les recoins des cités de cette localité. Il se trouve que même les abats «des viscères, des glandes et des extrémités» de mouton sont jetés de façon aléatoire sans les mettre dans un emballage en plastique pour qu’ils soient déposées dans un bac à ordures. Tout est jeté pêle-mêle sans se soucier de l’environnement ni de l’espace urbain dans lequel les habitants y passent le plus gros de leur temps.
Certes, il y a certains locataires de ces cités qui échappent à cette «règle», il faut le dire, oui, cette insalubrité est devenue une règle, l’exception c’est le fait que certains ordonnent et organisent l’opération de sacrifice en tenant compte de la propreté, ceux-là sont classés dans la case de l’exception. C’est bien cette réalité amère qui caractérise les quartiers populaires durant le jour de l’Aïd El Adha.
Ce qui est dramatique dans cette opération qui se fait de façon anarchique et sauvage, c’est cette démarche de facilité qui consiste à tout jeter sporadiquement et sans organisation, provocant l’accumulation des déchets animaliers et autres connexes qui font que le volume de ces déchets s’accroît d’une façon exponentielle ce qui ne facilitera pas la tâche aux agents de Netcom de faire leur travail d’une manière efficace et rapide.
Ce travail prendra beaucoup de temps, et d’ici là, les cités se transformeront en un vrai dépotoir exhalant ainsi des odeurs intenables et donnant lieu à des maladies de tous genres. Ce qui est paradoxal dans cette opération du Sacrifice, c’est que la commune en coordination avec Netcom mettent en place des bacs à ordures pour cette circonstance, mais ces bacs sont détournés par certains véreux pour les utiliser à des fins lucratives. Ce comportement est manifeste dans toutes les cités où la commune à mis des bacs à ordures à leur disposition pour parer à ce genre de situations et faire en sorte à ce que les déchets soient bien emballés et gérés pour faciliter la tâche aux agents de Netcom et aussi permettre aux cités de ne pas sombrer dans l’insalubrité des plus éhontées.
La propreté est une question de civisme
Cet état de choses quant à l’espace urbain qui est complètement écorné par cette anarchie qui ne dit pas son nom durant l’Aïd El Adha, soulève beaucoup d’interrogations sur notre façon de se comporter par rapport à des pratiques qui nécessitent une organisation et une éducation civique basique. La problématique ne se pose pas par rapport à l’occasion en elle-même, bien au contraire, le rituel est un élément du mythe dont toutes les civilisations disposent, sauf que chez nous ce rituel est géré de façon le moins que l’on puisse dire, anarchique pour ne pas dire, sauvage. L’organisation et l’ordre ne sont pas antagonistes avec le sacrifice ou l’abattage en général, ce qui est contraire dans cette pratique, c’est le manque de civisme de certains qui font de cette journée sacrée du Sacrifice un moment où des comportements s’inscrivent en porte-à-faux avec le civisme et le vivre ensemble.
Cette réalité qui est devenue «une tradition», voire une monnaie courante, chaque année que l’occasion du sacrifice se présente, n’a pas été du tout prise au sérieux par les pouvoirs publics. Le civisme est une culture et une conscience avant tout, mais si des comportements viennent contredire les valeurs communes de la société et deviennent des pratiques courantes, là, les pouvoirs publics doivent intervenir pour mettre le holà et stopper cette déferlante qui porte préjudice à l’environnement et à l’espace communs. Les pouvoirs publics ont su imposer la loi contre des commerçants qui croyaient que le service public n’était pas leur dada, cette mesure une fois réglementée par la force de la loi, les choses ont pris une autre tournure, c’est ce qui a fait que certains commerçants qui faisaient recours à des pratiques malsaines ont été chassés, surtout durant la période des fêtes.
Idem pour ces pratiques durant l’Aïd El Adha, il est temps que les pouvoirs publics agissent pour réglementer des occasions pareilles et ne pas laisser les choses entre les mains des gens qui font de l’anarchie leur pain quotidien. Le civisme, c’est bien, mais la loi c’est encore mieux. Interdire aux habitants de recourir à l’abattage sauvage, c’est une question de salubrité publique, il y va de la crédibilité des pouvoirs publics. Seule la loi est en mesure de remettre les choses à leurs places. La dissuasion pourrait être le moyen idéal pour rééduquer certains qui ne voient dans le vivre ensemble qu’un élément qui concerne leur propre ego, quand l’ensemble «après moi, c’est le déluge!!» prône le diction.