Le ministère de l’Agriculture a fait en sorte que les acheteurs de moutons soient mis en contact direct avec les éleveurs à travers l’aménagement de 456 points de vente à travers 33 wilayas dont 14 points dans la capitale Alger.
Dans une conférence de presse tenue hier à Alger, le ministre de l’Agriculture du Développement rural et de la Pêche, Abdeslam Chelghoum a estimé que l’abondance de l’offre de moutons cette année va amener les prix du mouton de l’Aïd à la baisse. Mais pour réguler ce marché soumis aux spéculations des intermédiaires, l’Etat à travers le ministère de l’Agriculture et celui du Commerce ont aménagé en coordination avec la Fédération des éleveurs 456 points de vente à travers 33 wilayas afin de mettre les acheteurs en contact direct avec les éleveurs.
«D’habitude, notamment dans les grandes villes, on achète le mouton en quatrième ou cinquième main à cause de la multiplication des revendeurs. Cette année et vu l’abondance de l’offre, nous avons prévu des espaces pour permettre aux éleveurs de vendre leur cheptel directement aux consommateurs», a indiqué Abdeslam Chelghoum.
Il a invité les Algériens à aller acheter dans ces espaces afin de décourager la spéculation. «C’est une bataille commerciale. Nous ne pouvons pas interdire la revente du cheptel. Mais puisque le mouton est disponible cette année, c’est aux citoyens de jouer le jeu parce que le dispositif mis en place va permettre de faire face aux hausses spéculatives des prix», a-t-il appelé. Le ministre a, par ailleurs, précisé que l’Algérie dispose aujourd’hui de près de 24 millions de têtes ovines et de 3 millions de têtes caprines. «Je suis étonné d’entendre parler de la nécessité d’importer du cheptel pour faire face à la demande alors que la richesse disponible couvre largement la demande locale» a-t-il déclaré.
Il convient, en tout cas, de noter que l’abondance de l’offre de moutons sur le marché trouve son explication dans la baisse de la production céréalière cette année. La sécheresse qui a frappé les wilayas de l’Ouest devrait pousser les éleveurs à mettre plus de têtes ovines sur le marché.
L’élevage d’ovins obéit à la logique suivante : une pluviométrie appréciable fait pousser les pâturages et augmente le rendement des céréalicultures et, donc, de la production d’aliments de bétail, cela réduit les coûts d’élevage et les éleveurs mettent moins de cheptel sur le marché. Par contre, la sécheresse fait augmenter les prix des aliments de bétail et, donc, les coûts d’élevage et contraint les éleveurs à brader leurs cheptels.
En effet, le ministre a estimé la baisse de la production céréalière à 11% par rapport à l’année dernière qui passe de 37 à 33 millions de quintaux. «La wilaya la plus sinistrée est Tiaret qui a vu sa production baisser de près de 40%» a-t-il précisé. Il a, néanmoins, annoncé que l’aide annuelle accordée aux éleveurs au mois de novembre et qui consiste en leur approvisionnement en orge et autres aliments de bétail va être distribuée cette année dès cette semaine pour participer à l’équilibre des prix sur le marché. «Cela va éviter aux éleveurs qui devront commercialiser leurs cheptels dans les points de vente aménagés pour l’Aïd d’en acheter sur le marché noir» a-t-il conclu.