Les méduses piquent, grâce à de nombreuses cellules urticantes dispersées dans l’épiderme de leurs tentacules. Appelées « cnidocystes », elles contiennent un filament, muni d’un harpon, contenant un liquide toxique. Quand le tentacule de l’animal touche une proie, le filament est libéré à une vitesse de l’ordre du millionième de seconde.
L’expulsion du filament est mécanique. Même si la méduse est morte depuis longtemps, les cellules urticantes restent actives. Il ne faut donc jamais toucher une méduse, même échouée sur la plage.
Que faire en cas de brûlure ?
Sortir immédiatement de l’eau, pour éviter les risques de panique et de noyade. Rincer à l’eau de mer (et surtout pas à l’eau douce, ce qui provoquerait l’éclatement des cellules urticantes), pour enlever les tentacules collés. Décoller délicatement les filaments à l’aide d’une carte rigide, de type carte de crédit.
Appliquer du sable sur la brûlure puis éliminer doucement celui-ci en glissant la carte rigide sous la couche de sable pour débarrasser la peau des cellules urticantes encore présentes. Désinfecter la brûlure avec un antiseptique puis appliquer une pommade anti-inflammatoire.
Si la douleur persiste, consulter un médecin, qui pourra prescrire un traitement à base d’antalgiques, d’antihistaminiques ou de corticoïdes. Consulter immédiatement un service d’urgence si le membre touché est très enflé, ou en cas de gêne respiratoire, de modification de la voix ou encore de malaise.
Il ne faut surtout pas frotter la zone atteinte, de crainte d’écraser les filaments et, de ce fait, de libérer plus de venin en faisant éclater d’autres cellules urticantes. Ne pas sucer la blessure pour aspirer le venin. Ne pas uriner sur la brûlure. Ne pas asperger du vinaigre sur la brûlure.
Méduse et méduses
Comment l’héroïne des mythes grecs a-t-elle donné son nom à celles qui hantent le fond de l’océan ?
Aristote, le premier à avoir décrit le milieu marin, les a qualifiées de « cnidocystes », soit orties de mer, en grec ancien. En hommage à Aristote, les savants ont créé le groupe des « cnidaires » pour désigner l’ensemble des animaux possédant cette fonction : méduses, siphonophores, coraux, anémones de mer.
C’est Linné, le naturaliste suédois du 18ème siècle, qui, lorsqu’il classe les espèces vivantes, choisit le nom de «méduse » pour désigner ces animaux dont les tentacules lui font penser aux cheveux de Méduse, l’une des trois gorgones de la mythologie grecque. Représentée avec des yeux immenses et la chevelure envahie par des serpents, elle pétrifiait ses adversaires par la seule force de son regard. Il les nomme ainsi en 1850, au moment où l’on vient de découvrir Pompéi, et où l’on remet l’Antiquité à la mode.
Le naturaliste François Auguste Péron garde ce nom pour le groupe, et suit l’exemple de Linné en empruntant à la mythologie les noms des différents genres : Persa, dédiée à Persée qui a tué Méduse, Pegasia et Chrysaora, dédiées au cheval ailé Pégase et au guerrier Chrysaor, nés de la tête ou du sang de Méduse après sa mort, Cassiopea andromeda, qui associe dans une même espèce la mère Cassiopée et sa fille Andromède, délivrée par Persée du monstre marin, jusqu’au genre Cetosia, en l’honneur de Cetos, la mère de Méduse.
Pour en savoir plus, vous pouvez suivre cette conférence de Jacqueline Goy, la grande spécialiste des méduses, attachée scientifique à l’Institut océanographique, (Fondation Albert Ier, Prince de Monaco).
Y a-t-il encore des années sans méduses ?
Mme Goy indique que les scientifiques ont recensé « les abondances de Pelagia noctiluca en Méditerranée« : « La chronologie des années à méduses depuis 1775, reliée aux variations climatiques, a mis en évidence des fluctuations sur le long terme avec une périodicité d’environ douze ans. »
« Or, la dernière invasion a débuté en 1999, et Pelagia se maintient depuis avec une forte densité. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette situation et la surexploitation de 87 % des stocks de poissons semble bien responsable. Cette surpêche laisse disponible une nourriture non consommée par les poissons, les méduses en profitent, ce qui favorise leur croissance.
L’augmentation de la température de l’eau peut accélérer la reproduction des méduses, et les jeunes ne risquent pas de souffrir de disette dans cet environnement trophique si favorable. Enfin l’acidification des océans fragilise les squelettes, carapaces et tests calcaires, ce qui rend plus digestes mollusques et crustacés pélagiques et profite encore aux méduses.
Cette gélification générale des océans due à l’activité humaine traduit une déviation dangereuse pour l’économie des mers car les méduses n’ont pas une grande valeur alimentaire. Les manger – les boire serait plus juste à cause des 96 % d’eau qu’elles contiennent – ne constitue pas un repas énergétique, les poissons grandissent donc moins vite. Seuls les Japonais, les Coréens et les Chinois se régalent de salade de méduses, mais cela reste anecdotique. »