Aïn Defla: Débats sur le rôle et les missions du moniteur d’auto-école

Aïn Defla: Débats sur le rôle et les missions du moniteur d’auto-école

Pour la première fois, enfin, on se penche sur le statut, le rôle, la formation et sur les textes qui régissent ce maillon de la chaîne qui concourt à la délivrance du «Carton rose» qui donne le droit à tout citoyen de conduire un véhicule lourd ou léger.

C’est pour apporter un éclairage sur le flou, les vides juridiques, les insuffisances dont souffre cette activité pourtant stratégique dans la mesure où elle est censée former des conducteurs qui, de par leurs performances, pourraient infléchir la courbe ascendante du nombre d’accidents et de drames dont nos réseaux sont le théâtre au quotidien. C’est donc, selon la Direction des transports, pour débattre de la situation qui prévaut dans le circuit de formation des conducteurs, circuit dont le moniteur est l’élément essentiel, qu’un séminaire a été organisé jeudi dernier au niveau de la salle de conférences du Centre culturel islamique de Aïn Defla, séminaire qui a regroupé outre le responsable du secteur des transports M. Mokhtar Abderrahmane, les gérants des auto-écoles, les moniteurs et monitrices, les ingénieurs examinateurs et inspecteurs ainsi que les représentants des différents services de sécurité routière, de la gendarmerie et de la police.

Ce séminaire est le résultat d’une des recommandations formulée à l’issue d’une rencontre qui s’est tenue il y a une année jour pour jour, le 27 septembre 2017 et qui avait débattu de la stratégie mise en place pour assurer la sécurité routière et endiguer l’hécatombe qui sévit sur le réseau routier national. Le premier intervenant, M. Hamadi Omar, inspecteur principal au niveau du Centre national des permis de conduire, le CNPC, a retracé les grandes étapes qui ont marqué la législation qui régit le cursus de formation des conducteurs. Selon l’orateur, une armada de textes régissant la sécurité routière a été élaborée mais le profil des moniteurs-formateurs dont pourtant le nombre dépasse les 20 000, n’a bénéficié que d’une évocation succincte dans ces textes. Prenant la parole à son tour, M. Chettah Hamouda, inspecteur au niveau du CNPC ; a tenté de définir le rôle dévolu au moniteurformateur M. El Oualhi Hamrit, inspecteur des permis de conduire de la wilaya de M’sila a, quant à lui, fait référence à un texte datant de 2002 qui définit la durée de la formation des moniteurs sur la base d’un programme de 200 h dont 101 h imparties à la formation en résidence et 99h de formation à distance, un programme comprenant 5 modules essentiels, formation qualifiante sanctionnée par un examen théorique et pratique pour l’obtention d’un CAP à caractère national.

A ce sujet, il a été remarqué que cette formation, paradoxalement, ne s’effectue pas sur la base d’un programme élaboré et prédéfini de manière précise par un texte juridique définissant les missions et le rôle du moniteur notamment pour ce qui est de la formation des conducteurs de poids lourds. On note que la formation du moniteur pour les poids lourds s’effectue dans une école située à Batna et où le droit d’inscription est de 6 millions de centimes, avec en plus, les frais de séjour qui sont à la charge du candidat. Il faut ajouter à ce manque de programme que la situation du parc national des véhicules en circulation qui, en 2009, comptait quelque 4 millions d’unités, en 2018 il est estimé à plus de 8 millions; soit le double et de ce fait, l’approche de la sécurité routière se doit d’être plus adaptée tant sur le plan de la prévention que sur le plan des mesures dissuasives, a-t- on indiqué. Selon M. Djellali Karim, directeur d’une auto-école de Sétif, il est indispensable de focaliser la formation sur les compétences et les performances pédagogiques en mettant à leur disposition les outils pédagogiques indispensables tels que les simulateurs et procéder à des évaluations tout en actualisant les connaissances.

De plus, a indiqué l’intervenant, la formation des conducteurs, suggère- t-il, doit se faire en trois étapes à savoir, l’apprentissage en milieu clos, puis sur un parcours choisi pour sa facilité et en dernière étape en situation réelle, en faisant varier les conditions et les situations. Lors du débat ouvert qui a suivi, la réussite du moniteur doit obéir à une motivation et non pas juste pour trouver un emploi. De plus, il a été souhaité la sécurité du moniteur qui est parfois menacée dans son intégrité physique par certains apprenants sous l’effet de psychotropes. Un autre intervenant a évoqué le cas de ce conducteur épileptique qui a été à l’origine d’un accident qui a fait 8 morts, et que pour remédier à ce genre d’aléas, le certificat médical requis ne doit pas être une simple formalité, un certificat de complaisance mais le résultat d’un examen clinique, physique et psychologique. Toujours lors des débats, il a été révélé que certaines autoécoles se contentent de cours théoriques uniquement et que des agréments sont accordés à des postulants qui n’ont rien à voir avec le domaine.

Un autre intervenant a émis le vœu que le moniteur bénéficie d’une initiation à ses droits tels que le volume horaire de travail, la législation sur le remplacement du tenant de l’école le jour des examinations pour éviter des situations où le propriétaire de l’école vit à l’étranger et se contente de déléguer un moniteur pour le remplacer à longueur d’année.

Karim O.